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Crèche en prison : pouvoir vivre un peu "comme à l'extérieur"

Longs FormatsMariette KAMMERER25 août 2020
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Une microcrèche a ouvert fin 2018 dans la maison d'arrêt des femmes de Fleury-Mérogis. Une expérience unique en France, qui humanise la prison et favorise la réinsertion. [Reportage réalisé avant le confinement]

Un dédale de couloirs équipés de postes de surveillance et de grilles automatiques conduit à la « nurserie » : l'aile réservée aux femmes enceintes et aux jeunes mamans. Les détenues y entrent à six mois de grossesse et peuvent y rester jusqu'aux 18 mois de leur enfant.

Pierre Pech, directeur de la maison d'arrêt des femmes de Fleury-Mérogis, souligne la spécificité de la nurserie, un quartier à part dans l'établissement. Martin Barzilai pour Le Media social

« C'est un quartier à part, plus calme, où les conditions de détention sont privilégiées et les locaux moins vétustes », explique Pierre Pech, directeur de la maison d'arrêt des femmes de Fleury-Mérogis, en désignant les fresques enfantines dans la salle de promenade et les cellules individuelles à porte rose.

Une première en France

C'est ici qu'une microcrèche de 10 places a été créée en septembre 2018, une première en France. Hormis les barbelés qui surplombent la cour extérieure, ses locaux tout neufs de 100 m2 inaugurés en septembre 2019 feraient presque oublier la détention.

Et c'était bien l'enjeu : « Offrir à ces bébés dont les mères sont incarcérées, un environnement adapté à leur épanouissement, dans les mêmes conditions qu'à l'extérieur », indique le directeur.

C'est dur d'avoir son premier enfant en prison

Cynthia, 22 ans, maman d'un bébé de 6 mois

Dans la grande pièce claire et colorée, deux bébés savourent leur repas et deux autres jouent sur un tapis d'éveil. Cynthia, 22 ans, vient chercher son fils de six mois, qui la regarde en souriant : « Je le mets à la crèche depuis qu'il a deux mois pour pouvoir travailler à la distribution des cantines », explique-t-elle avec un léger accent.

Son salaire de 250 € lui permet de payer sa place. « C'est dur d'avoir son premier enfant en prison, sans sa famille, sans ses amis, les dames de la crèche sont un vrai soutien ».