Depuis 2019, les groupes d’entraide mutuelle (GEM) peuvent également se constituer entre adhérents autistes. À Mulhouse a été créé l’un des tout premiers. D’atelier origami en sortie randonnée, cette formule de pair-aidance paraît épanouir ses membres. [Reportage réalisé avant la crise sanitaire]
« Ces autistes qui dirigent le monde. Leurs réseaux, leur financement, leurs tutos beauté. » Les révélations en lettres grasses surplombent le bureau monacal du coordinateur de la Maison de l’autisme de Mulhouse (MAM). À regarder de plus près, il ne s’agit que d’une caricature de Charlie Hebdo, représentant Greta Thunberg, faisant tourner la planète du bout de ses tresses.
« Tous ici savent que je suis autiste, et que ce n’est pas pour se moquer », précise Gaël Le Dorze, d’un sourire discret. Mais la blague, ajoute-t-il, n’a guère fait l’unanimité. « Ne pas comprendre le second degré et l’humour, cela fait partie de la symptomatologie des autistes. »
Un atelier artistique
Néanmoins des rires fusent bel et bien, à l’autre bout du couloir. En ce mercredi d’hiver, ils sont six à peindre gaiement, dans la petite pièce encombrée de tableaux. Au fond, sur un chevalet, un soleil se dresse au-dessus de huit astres.
« Ce sont les neuf mondes de la mythologie nordique », éclaire Jordan Ichter, son auteur, cheveux longs et allure gothique. L’homme en noir vient ici « pour l’art » mais, concède-t-il, « surtout pour l’ambiance ».
Une sensibilité exacerbée
Face à lui, Angélique s’applique à peindre une grenouille tropicale rouge et bleue sur une fresque murale. « Nous les autistes, nous sommes très sensibles à l’environnement, aussi bien naturel que sensoriel », explique-t-elle tout d’abord, concentrée.