Depuis près de onze ans, des guides de haute montagne réunis dans l’association 82-4000 Solidaires proposent des stages d’alpinisme à des publics d’établissements sociaux. Objectif : partager la montagne avec les "plus exclus". Les travailleurs sociaux, eux, observent que ces stages aident les personnes accompagnées à regagner confiance en elles.
Le soleil est déjà haut. La neige éclatante. Cherif, vêtu d’une veste orange, tente d’accrocher la bande de tissu appelée « peau de phoque » sous ses skis de randonnée.
Patrick, bénévole de l’association 82-4000 Solidaires, aide chacun à se préparer. « Le but, c’est de marcher régulièrement sans trop se fatiguer. Si vous sentez que vous avez mal aux pieds, on fait une pause », lance-t-il à la cantonade.
Trop tard pour reculer
Appuyée sur un panneau en bois, Édith observe ses camarades finir de chausser leurs skis. Le sentier enneigé monte en pente douce. Elle soupire. Désigne du doigt une motoneige, garée juste à côté : « On ne pourrait pas plutôt monter avec ça ? ».
Trop tard pour reculer : c’est l’heure du départ. Natacha, psychologue accompagnant les participants, prend un selfie avec l’un d’eux pour immortaliser cet instant. Cherif, Édith et les autres viennent de deux accueils de jour dans les Yvelines. L’un, SOS Accueil, est installé depuis peu dans la commune de Saint-Cyr-l’École. L’autre, Rive, est situé à Versailles et reçoit des femmes avec ou sans enfant.
Faire une place à chacun
« On est en train de foncer tête baissée, en particulier en montagne, dans un modèle économique pur, excluant une grande partie de la population. Et cela s’aggrave », expose Hugues Chardonnet, le fondateur de 82-4000 Solidaires, voix calme et regard limpide.
Depuis près de onze ans, cette association basée à Briançon, émanation d’ATD Quart-Monde, propose des stages d’une semaine en haute montagne à des publics en précarité.
« Depuis 30 ans, on perd chaque mois un établissement à caractère social en montagne. On a oublié que l’on était dans une société où il faut faire une place à chacun », regrette cet ancien médecin, devenu guide de haute montagne.
Une attention portée aux femmes
Avec ces stages proposés été comme hiver à des établissements sociaux, « on essaie de se rapprocher des gens les plus exclus, les plus pauvres. Ce sont souvent des gens qui vivent dans la rue ou dans des quartiers ségrégués », expose Aurélien Brès, jeune alpiniste coordinateur de 82-4000.
Une attention particulière est portée aux femmes, « celles qui sont les plus loin de pouvoir partir en vacances, parce qu’elles ont souvent la charge de leurs enfants ou de leur conjoint ».