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À Calais, réduire l’impact du traumatisme post-naufrage

Longs FormatsMaïa COURTOIS09 janvier 2025
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Alors que les naufrages se sont multipliés dans la Manche en 2024, le dispositif de prise en charge du public exilé qui subit ces événements demeure insuffisant. Des professionnels du social et médico-social, en poste dans des ONG ou petites associations, tentent de pallier les lacunes des services publics calaisiens, notamment auprès des jeunes.

L’air concentré, Jaleel* place son visage face à la paume de la main du garçon qui lui fait face. Dans la salle commune, la musique démarre. Duo par duo, les adolescents commencent à se mouvoir dans l’espace. 

Timidement, des paumes de mains bougent : les visages qui leur font face les suivent à la trace. Puis tout s’accélère : les duos tournent sur eux-mêmes, descendent au sol… Jaleel, comme hypnotisé par la main de son camarade, éclate de rire à chaque changement de direction. 

Lors d'un atelier cirque organisé à l'accueil de jour pour mineurs exilés de MSF à Calais. Margaux Caron, éducatrice spécialisée (à droite), y participe avec les jeunes. Valentina Camu/Divergence Le Media Social

« Venez, on va vous montrer le jonglage et le monocycle ! », lancent Fred et Patrick. Ces deux professionnels du cirque, membres de l’association Clowns sans frontières, interviennent ici, à Calais, auprès de jeunes mineurs non accompagnés. La semaine dernière, « on a fait des ateliers d’improvisation théâtrale, pour travailler l’expression du corps, de la voix… On n’a pas vu le temps passer, on a beaucoup ri ! », glisse Patrick, tandis que dans son dos, Jaleel s’appuie contre un mur pour tenter de rester en équilibre sur une roue.

Construire l'adhésion

Margaux Caron, éducatrice spécialisée, vient à la rescousse du jeune homme. Embauchée par Médecins sans frontières (MSF), celle-ci exerce au sein de l’accueil de jour dédié aux mineurs exilés à Calais. MSF est à l’initiative de cet atelier cirque.

« Ce sont des jeunes laissés à l’abandon. Ils sont dans un parcours de rue depuis des mois voire des années, introduit la travailleuse sociale. S’ils n’adhèrent pas à la protection de l’enfance en France et qu’ils veulent absolument traverser vers le Royaume-Uni, c’est aussi parce que l’on ne fait rien pour construire cette adhésion. Leur représentation de la France, c’est la violence des campements et des tentatives de traversées. C’est la police. C’est le rejet. »

Créer des bons souvenirs

« Les jeunes viennent sonner à notre porte parce qu’ils ne se sentent pas bien », résume Margaux Caron, éducatrice spécialisée chez Médecins sans frontières (MSF). Valentina Camu/Divergence pour Le Media Social