Alors que le col de Montgenèvre, près de Briançon, est devenu l’un des principaux points d’entrée de personnes migrantes en France, leur prise en charge médico-sociale relève surtout de la solidarité. Face au manque d'accompagnement institutionnel, associations, travailleurs médico-sociaux et citoyens bénévoles se mobilisent quotidiennement.
Au cœur de la nuit, dans une forêt isolée à quelques mètres de la frontière invisible qui sépare la France de l’Italie, une famille afghane vient de se faire interpeller. Assises dans la neige, les personnes attendent d’être escortées vers la route.
Mais la mère de famille va mal. Elle peine à respirer et marche difficilement, au point que deux de ses enfants doivent la porter. Alors qu’ils marchent lentement vers le camion qui les conduira au poste-frontière, les gendarmes leur intiment de presser le pas.
Au poste-frontière
À plusieurs centaines de mètres de là, le portable d’Alfred Spira, responsable bénévole de Médecins du Monde, vibre. Il lit à voix haute le message reçu : « Fe mme avec problèmes cardiaques vient d’être amenée à la PAF (police aux frontières, NDLR) ». « On y va », lance aussitôt Manou, maraudeuse de l’association Tous Migrants, assise à ses côtés.
Les deux bénévoles démarrent au quart de tour leur véhicule. En quelques minutes, les voilà devant le poste-frontière. Inquiet des descriptions faites de la mère de famille par les autres maraudeurs, Alfred Spira se dirige vers les forces de l’ordre pour demander à pouvoir vérifier l’état de santé de cette dernière.
Une arrestation banale
Quelques minutes plus tard, il revient, dépité : « J’ai demandé à entrer dans le poste-frontière en tant que médecin, mais ils s’en foutent ». La famille y restera plus d’une heure, à l'abri des regards, en attendant que la police italienne vienne les chercher et les refoule de l’autre côté de la frontière.
C’est une arrestation banale au col de Montgenèvre. Depuis la fermeture du passage par la vallée de la Roya, la route migratoire s’est décalée vers la région briançonnaise, plus au nord. Alors que les forces de l’ordre tentent d’arrêter les exilés pour les refouler en Italie, des citoyens bénévoles maraudent nuit et jour autour de la station de ski, dans la neige, pour leur porter assistance.
Des risques très importants
Depuis trois ans, au moins cinq personnes sont décédées en tentant la traversée ou en voulant fuir la police, comme Blessing Matthew, jeune femme Nigériane retrouvée noyée dans la Durance en 2018.