La deuxième ville de France compte quelque 14 000 personnes sans domicile ou vivant dans une extrême précarité. L'équipe de maraudeurs de Marss de l’AP-HM tente de trouver des solutions pour ceux nécessitant un suivi psychiatrique, qui ne peuvent pas se protéger de la maladie.
À mi-chemin entre la psychiatrie communautaire de rue et la réduction des risques, l’équipe du Mouvement et action pour le rétablissement social et sanitaire (Marss) maraude auprès des sans domicile fixe ayant une fragilité psychique. Les intervenants n’ont jamais cessé « l’aller-vers », même au début du confinement tandis que les accueils de jour, les distributions de vivres, le portage de repas étaient rares …
Les plus fragiles à l’abri
Aïcha Boutayeb, assistante sociale et Élise Vallois, juriste, sont en binôme depuis le début du confinement : une semaine sur le terrain et deux semaines en télétravail pour s’assurer que, s’il y a contamination, cela reste circonscrit au binôme sans contaminer les autres équipes.
Dans le quartier de la Belle-de-Mai où du monde circule dans les rues commerçantes, Élise et Aïcha retrouvent Ahmed, la cinquantaine, qui vit dans un appart-hôtel dont le gérant a accepté de louer des chambres au sans domicile fixe les plus fragiles. Cela fait vingt jours qu’il n'a plus à renouveler ses appels au 115 pour espérer un lit et qu’il reprend pied dans une chambre « parfaite ». C’est un soulagement. « Cette épidémie, ça craint mais on s’habitue. Ça craint, mais ça va... » Si Ahmed est à l’abri dans une chambre, seul, c’est qu’il est considéré comme très fragile.