Intervenir au plus tôt face aux signes de dépression ou d'anxiété des plus jeunes confiés à l'aide sociale à l'enfance (ASE) : la stratégie est déployée avec succès par les pédopsychiatres Jokthan Guivarch de l'Assistance publique-hôpitaux de Marseille, et Tiphaine Krouch du centre hospitalier Valvert.
Pourquoi avez-vous lancé, en 2021, une équipe mobile de pédopsychiatrie pour aller au-devant des plus jeunes confiés à l’aide sociale à l’enfance (ASE) ?
Jokthan GuivarchLes enfants de l’ASE ont souvent vécu de tels psychotraumatismes, et pire encore, de telles négligences, qu’à l’arrivée à l’âge adulte on estime qu’un sur deux a un trouble mental – soit cinq fois plus que dans la population générale.
Or si ces enfants sont ceux qui ont le plus besoin de soins, ils sont aussi ceux qui y ont le moins accès. Car dans les foyers, tant que leurs troubles restent internalisés, et tant qu’ils ne sont pas agités, on ne les repère pas.
Tiphaine KrouchIl est vrai que les éducateurs spécialisés ne sont pas bien formés sur la santé mentale de ces enfants.
J. G.Et les foyers n’arrivent même plus à en embaucher ! Les éducateurs passent d’établissement en établissement, et leur turn-over gêne finalement l’attachement des enfants, mais aussi le repérage de leurs troubles mentaux.
Sans compter que les enfants sont eux-mêmes amenés à changer régulièrement de foyer, dès qu’ils posent des problèmes…