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AbriSanté : des infirmiers au chevet des précaires

Longs FormatsRozenn LE BERRE21 avril 2022
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Les infirmiers d’AbriSanté, nouveau dispositif ouvert en mai 2021 dans le Valenciennois, luttent contre les ruptures dans les parcours de soin en se déplaçant dans les foyers d’accueil, d’hébergement et d’insertion. Et tissent le lien entre le monde du médical et celui du social.

Il est à peine 7 h 15 quand Sophie Pichonnier se gare sur le parking du foyer Blaise Pascal à Valenciennes.

La nuit est encore dense, le crachin imbibe rapidement la mallette d’infirmière qu’elle sort de son coffre. Sur le palier, plusieurs hommes sont déjà debout, cigarette aux lèvres.

Dernier lien avec la santé

Le foyer accueille des hommes, plutôt âgés, en grande précarité sociale. Sorties de prison, alcoolisme, ruptures familiales et autres difficultés de la vie les ont conduits ici. Le premier patient du matin peine à combattre son addiction.

« C’est triste : après mon passage, je sais qu’il va passer la journée dehors à s’alcooliser », regrette Sophie. Michel* refuse le suivi par un médecin traitant. Sophie et ses collègues d’AbriSanté constituent son dernier lien avec le monde de la santé.

Vingt-cinq patients

Michel est alcoolique et refuse le suivi par un médecin traitant. AbriSanté est son dernier lien avec le monde du soin. Isabelle Serro/Divergence pour Le Media Social

Comme Michel, vingt-cinq personnes sont accompagnées par le dispositif ouvert en mai 2021 sous l’impulsion de l’agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France (lire ci-dessous).

Objectif, apporter du soin aux personnes qui, bien souvent, relèguent leur santé au second plan, derrière les multiples autres problèmes auxquels elles doivent faire face au quotidien : se nourrir, se loger, gagner de l’argent, lutter contre leurs addictions.

Apporter du soin

« On apporte du soin à des personnes pour qui le mot même de "soin" est tellement éloigné de la réalité qu’il a presque une connotation de luxe », indique Marie-Odile Duplouy, infirmière coordinatrice du dispositif.

Sans un dispositif adapté, basé sur « l’aller vers », nombreuses sont les personnes qui décrochent : elles oublient leur traitement, ne se rendent pas au rendez-vous chez le médecin, égarent leurs ordonnances.

Dédié aux précaires

L'ambition d'AbriSanté est d'aller vers les personnes qui décrochent de leur traitement, oublient leurs rendez-vous médicaux, perdent leurs ordonnances... Ici, Sophie Pichonnier vient remettre son traitement du jour à un bénéficiaire du dispositif. Isabelle Serro/Divergence pour Le Media Social

Pour éviter ces ruptures, les infirmiers d’AbriSanté tournent quotidiennement sur une dizaine de structures : centres d’hébergement d’urgence (CHU), résidences sociales, accueils de jour, centres d’hébergement et d’insertion sociale (CHRS). Et, parfois, directement dans la rue ou dans un squat.

Et c’est bien la particularité d’AbriSanté, un « Ssiad précarité » récemment renommé Essip pour « équipe spécialisée de soins infirmiers précarité ».

Si les services de soins infirmiers à domicile (Ssiad) classiques ont pour vocation la réalisation de soins aux personnes âgées et en situation de handicap, l’entrée dans ce dispositif spécifique se fait en effet par le critère de la précarité en termes de logement.

« Le canal m'appelait »