Pour une personne sans abri, avoir un animal de compagnie est à la fois une aide et un lien du quotidien mais aussi un motif d’exclusion des structures sociales. Des initiatives existent ici où là, pour accompagner des personnes avec leur animal, mais elles sont rares. Pourtant, le travail social aurait tout intérêt à se frotter au sujet.
On dit que le chien est le meilleur ami de l’humain. Surtout, quand ce dernier est sans abri, semble-t-il. Plus qu’un compagnon de vie, l'animal est alors souvent considéré comme un binôme du quotidien, voire un membre de la famille. « Le mot enfant revient souvent », rappelle Marine Dubreuil, éducatrice canine à Rouen.
Lien social et soutien moral
C’est que l’animal, le plus souvent un chien donc, est à la fois un lien social, une intermédiation avec les passants, un soutien moral, une protection face à la violence dans la rue… Il est même, parfois, la dernière chose qui les raccroche à la vie.
S’il est difficile de chiffrer le phénomène faute d’études françaises, des données européennes estiment qu’entre 10 et 30 % des personnes sans abri sont propriétaires d’un animal. On sait aussi que ce sont surtout des jeunes hommes marginaux, avec un passé chaotique et suivis par l’aide sociale à l’enfance (ASE).
Peu de places pour les binômes
Le phénomène n’est pas anecdotique donc. Et pourtant, le travail social prend très peu en compte cette dimension chez ce public. Si encore une fois, aucun chiffre officiel n’existe, Théo Noguer, vétérinaire et fondateur de l’association Solivet, qui accompagne les structures sociales dans la prise en charge des propriétaires d’animaux en région Auvergne-Rhône-Alpes, estime qu’« une structure sur 10 » propose l’accueil de binômes.
Ne serait-ce que sur l’Île-de-France, « Emmaüs Solidarités, pourtant sensibilisé au sujet, ne propose une ou deux places que dans trois ou quatre de ses établissements », souligne Christophe Blanchard, enseignant chercheur, spécialiste de la grande exclusion et de la médiation canine dans le travail social.