Face aux conséquences dramatiques, pour certaines personnes accompagnées, des difficultés rencontrées par le secteur de l’aide à domicile, APF France handicap et l’AFM-Téléthon ont sonné l'alarme et saisi, en octobre, la Défenseure des droits pour mise en danger de la vie d’autrui et non-assistance généralisée à personnes en danger.
« Faut-il une vague de morts pour que l’État et les Conseils départementaux réagissent ? » En octobre dernier, l'APF France Handicap et l’AFM-Téléthon ont décidé de frapper un grand coup, en saisissant la Défenseure des droits pour « mise en danger de la vie d’autrui » et « non-assistance généralisée à personnes en danger ».
« Cela fait des mois, voire des années, que nous alertons les pouvoirs publics sur les difficultés que rencontrent des personnes en situation de handicap à domicile, et qu’ils restent sourds », se désole la présidente d’APF France handicap, Pascale Ribes.
De fait, qu’elles aient recours à un service d’aide et d’accompagnement à domicile (Saad) ou qu’elles emploient directement une auxiliaire de vie, les personnes en situation de handicap sont confrontées à de mêmes problématiques : des professionnels non remplacés et donc des heures non effectuées, un fort turnover, un manque de formation… Avec des conséquences parfois graves en termes de sécurité, de santé et de dignité.
Appels au secours
Pour faire entendre cette réalité, les associations ont recueilli de nombreux témoignages, comme autant d'appels au secours. « Cliente d’un service prestataire, cela m’arrive qu’il n’y ait personne, confie par exemple Ghalia qui vit en Isère. Si mon mari n’est pas là, je reste au lit. S’il n’y a personne pour venir m’emmener aux toilettes dans la journée, je me fais pipi dessus… »
Il y a aussi celui de Nathalie qui vit chez elle seule depuis 17 ans avec l’appui quotidien d’aides à domicile : « Il est arrivé que personne ne vienne chez moi, pour me lever le matin, car ils avaient oublié de faire le remplacement », affirme cette habitante du Calvados qui se dit « souvent désespérée » et qui a « peur pour le maintien à domicile pour les années à venir si l’État ne fait rien pour améliorer ce métier ».
« Un phénomène d’une ampleur inédite »
Des personnes « à bout », qui « ne savent pas combien de temps » elles vont « tenir » et qui « se sentent en danger » : c'est face à « un phénomène d’une ampleur inédite », comme l’affirme Pascale Ribes, que les deux associations ont décidé de tirer la sonnette d’alarme.