Les trois CV sont parfaitement similaires, en termes de diplômes ou de parcours professionnels. Le second se distingue cependant, par le prénom et le nom du candidat, à consonance maghrébine ; quant au troisième, il se démarque par le lieu de résidence, en quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV). Ainsi se présentent les faux CV envoyés par trois chercheurs du CNRS, de 2015 à 2021, pour répondre à presque 2 600 offres d'emploi publiées en Île-de-France pour deux métiers en tension : aides-soignantes et cadres administratifs.
Le résultat de ce « testing » massif est sans appel. Pour la dernière vague de candidatures, envoyées il y a un an, seulement 37 % des CV à noms maghrébins ont permis de décrocher un entretien pour un poste d'aide-soignante. Le taux de succès était de 43 % pour une candidate des quartiers, et de 45 % pour une professionnelle au CV neutre. La discrimination s'avère encore plus marquée pour ces postes lorsqu'ils sont proposés par la fonction publique – avec respectivement des taux de succès de 43 %, 54 % et 57 %.
Pour les postes de cadres administratifs, également très convoités en Île-de-France, l'expérience montre que le CV « maghrébin » n'aboutit à un entretien que dans 18 % des cas – contre 25 % pour le candidat de référence, et même 29 % pour le candidat de QPV, qui peut être avantagé par le dispositif des « emplois francs ».
Le recul permis avec ces quatre vagues de testing permet de conclure à « des discriminations persistantes » pour les candidatures avec un prénom et un nom à consonance maghrébine, dans le public, comme dans le privé.
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