Le conseil départemental n'a pas comparu et n'a pas souhaité s'exprimer, au sujet du réseau d'accueillants non agréés, jugés notamment pour des sévices commis sur les enfants que l'ASE leur confiait. Mais les dérives décrites à Châteauroux ne pourraient-elles pas se reproduire ailleurs ?
Certes, « nous pouvons placer le projecteur sur l’aide sociale et ses dysfonctionnements », mais ce n’est pourtant pas ce service du conseil départemental du Nord « qui a, je reprends les mots de la procédure, pissé sur Matthias. » Voilà comment la substitut du procureur Amélie Trochet, d’après l’AFP, a justifié son réquisitoire le 18 octobre, au terme du procès ouvert à Châteauroux quatre jours plus tôt.
Pour les 18 personnes qui y ont été jugées, notamment pour des exactions commises sur des jeunes, placés dans des familles sans agrément, il a ainsi été requis jusqu’à sept ans de prison. En revanche, l’aide sociale à l’enfance (ASE) du Nord, qui leur avait confié une soixantaine de ces enfants, de 2010 à 2017, ne figurait pas parmi les prévenus.
Le choix des magistrats
Et après ces cinq jours de procès, cela reste incompréhensible pour Me Jean Sannier, avocat de huit des victimes et de l’association Innocence en danger. « Cela a été le choix des deux juges d’instruction et du procureur de la République » de ne pas poursuivre « les responsables par qui tout cela a été rendu possible », s’étonne-t-il encore auprès du Media social. « L’ASE du Nord avait pourtant été informée du travail forcé, des coups de cravaches, des violences subies sur place. »
L’un des principaux accusés, Bruno C., l’a lui-même affirmé lors du procès : « Plusieurs fois, des gens de l'ASE nous ont dit "continuez, on a besoin de vous" », selon le compte rendu de l’AFP.