L'ancien directeur général d'Emmaüs solidarité revient sur les deux décennies où il a exercé dans le secteur de l'hébergement et de la lutte contre l'exclusion. Il s'arrête notamment sur trois événements marquants : l'occupation du canal Saint-Martin, l'accueil des migrants dans la Bulle de la Chapelle et la crise du Covid.

Vous avez quitté récemment vos fonctions de directeur général d'Emmaüs solidarité. Avant d'arriver à ce poste important, quel a été votre parcours ?

Bruno MorelAprès des études en droit social à l'université Paris II (Assas), j'ai travaillé quinze à vingt ans dans une complémentaire santé. Vers la quarantaine, j'ai « fait ma crise ». Je voulais découvrir un nouveau secteur dans le champ de l'économie sociale et solidaire. Un peu par hasard, je me suis retrouvé en 2000 à Interlogement 93 qui gérait notamment le 115. À cette période, on a commencé à ouvrir des places en hôtel, au début simplement sept en Seine-Saint-Denis. J'ai tout de suite été frappé par l'explosion de la pauvreté, avec des familles à la rue. L'hébergement montrait déjà des signes de fragilité.

Qu'est ce qui vous frappe en arrivant dans le secteur ?