Si cette ancienne enfant placée est parvenue à accomplir son rêve, en devenant professeure de médecine, elle se voue aujourd’hui à soigner les failles de la protection de l’enfance. À la tête de l’association Im’pactes, elle renforce les accès à la santé et à la scolarité, grâce au mécénat d’entreprise.
Puisque la protection de l’enfance est en grande souffrance, Céline Gréco se sent une certaine « légitimité » pour la soigner. « En tant que professeure de médecine, cheffe du service de médecine de la douleur à l’hôpital Necker-Enfants malades, ancienne enfant placée à l’aide sociale à l’enfance et victime de violences, c’est un peu difficile de venir me dire que je ne sais pas de quoi je parle. » La phrase est scandée dans un bureau orné de dessins d’enfants, avec au coin un tensiomètre et un brancard rose, où repose une peluche aux yeux masqués.
« Personne ne peut me dire que je ne connais pas les failles du système », poursuit cette tout juste quadragénaire, aussi vive que fluette. Ainsi, les enfants qu’on dit « protégés » ne sont pas bien soignés, peut-elle témoigner, elle qu'on a laissée peser 31 kg seulement, pendant toute la durée de son placement, de 14 à 18 ans. Et de même, les enfants « protégés » ne sont pas bien scolarisés, rapporte-t-elle encore, elle qui a vu ses camarades de foyer d'enfance abandonner l’école les unes après les autres. « Moi, j’ai toujours eu cette étoile du berger de faire médecine. Je n’ai pas lâché. »