A l'occasion de l'élection, les 20 et 27 juin, des conseils départementaux chargés de l'action sociale jusqu'en 2027, nous proposons un nouveau débat, cette fois sur l'évaluation et l'accompagnement des MNA. Face à face, Valérie Rouverand, candidate LREM dans le Gard, et François Thiollet, candidat EELV dans le Loir-et-Cher.
Le Rassemblement national (RN) en a fait son cheval de bataille pour ces élections départementales, avec des accusations reprises sur les tracts de plusieurs de ses candidats : « Un mineur isolé étranger coûte 40 000 € par an au département », « 60 % sont en réalité majeurs (rapport sénatorial 2017) », « ils sont responsables de l'explosion de l'insécurité (exemple : deux délits/crimes par jour à Bordeaux en 2020 ». « Seuls nos élus mettront un terme à ce scandale », concluent les frontistes dans ce paragraphe consacré à la « prise en charge des migrants ».
Incitation à la haine
Cette campagne de l'extrême droite a mené plus de cent avocats, depuis le 4 juin, à saisir différents procureurs, pour « incitation à la discrimination et à la haine ». « On ne peut pas admettre que le débat politique se limite de façon démagogique à un (tel) discours », avec « des chiffres qui sont un grand n'importe quoi, et au préjudice d'une population aussi vulnérable que le sont ces enfants », justifie l'un d'entre d'eux, Me Emmanuel Daoud, dans Le Monde.
Vérification faite
De fait, selon le rapport sénatorial de 2017 cité, ce ne sont pas 60 % des mineurs non accompagnés (MNA) pris en charge par les départements qui seraient « en réalité majeurs ». Vérification faite, c'est au stade préalable, lors de l'évaluation de l'âge et de l'isolement des jeunes demandeurs, que 60 % des demandeurs sont considérés comme âgés de plus de 18 ans – et écartés, dès lors, de la protection des départements. Et encore, les sénateurs ne tiraient-ils cette estimation, en 2017, que « des auditions menées » pour leur rapport, comme ils l'écrivaient pudiquement. La protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), pour sa part, évaluait en 2018 à moins de 20 % les demandeurs « en réalité majeurs ».