Sur la base d'une centaine d'entretiens auprès de personnes âgées, les Petits frères des Pauvres publient un rapport faisant état de fortes souffrances, notamment affectives. L'étude dégage quatre grandes familles : les "fragilisés", les "résignés", les "résilients" et les "engagés".
Depuis le premier confinement, il y a un an, personne ne peut ignorer la réalité de l'isolement, parfois mortel, d'une partie des âgés. Lors d'une précédente enquête rendue publique en juin dernier, l'association des Petits frères des Pauvres avait comptabilisé 720 000 personnes âgées sans aucun contact avec leur famille durant le confinement et 650 000 privées de confident.
Une centaine d'entretiens
Prolongement de cette enquête quantitative, les Petits frères ont interrogé une centaine d'âgés entre octobre et décembre 2020 pour comprendre leur ressenti à propos du Covid-19. À cet effet, dans cinq régions diversement touchées (Grand Est, Hauts-de-France, Ile-de-France, Bretagne et Occitanie), des entretiens semi-directifs ont été réalisés auprès des personnes de plus de 60 ans aux deux tiers féminins. Ce travail a été complété par des entretiens avec des professionnels ou des proches de familles. Le rapport est publié ce 30 mars.
Manque de liens avec l'autre
De tout cela, les président et délégué général des Petits frères des Pauvres tirent cet enseignement : « Plus la sortie de crise est incertaine, plus la lassitude est présente, plus le manque de liens avec l’autre devient insupportable ». Cela renvoie aux leçons d'une enquête conduite par le Gerond'if : « Plus les personnes avancent en âge, moins leurs réponses expriment un vécu positif du confinement ».
« Plus de contact physique »
Premier enseignement majeur de cette enquête : il faut arrêter de penser que la crise sanitaire n'est qu'une parenthèse. Ses conséquences sont profondes et durables. Le manque de contact corporel est la plupart du temps ressenti comme « une véritable perte, un manque, une privation.