Le caractère exceptionnel et inédit de la crise sanitaire liée au covid-19 amène le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) à organiser une « veille éthique » sur la gestion de cette crise, en complément de sa contribution du 13 mars 2020 sur les « enjeux éthiques face à une pandémie ». Le premier bulletin, du 23 mars 2020, est consacré aux personnes vulnérables du fait de l'âge, du handicap ou de l'absence de domicile fixe.
Le CCNE aborde notamment la question de la rupture de la relation en raison du confinement et de l'interdiction de visite des familles. « De nombreux professionnels alertent sur l’existence d’un risque de détresse psychologique qui se rajoute au risque sanitaire propre au covid-19, souffrance accrue pour la fin de vie », souligne-t-il. Saluant le déploiement, par les directeurs d'Ehpad ou du champ du handicap et leurs équipes, des pratiques innovantes pour maintenir la relation à distance (par le recours au numérique en particulier), il estime que les aménagements exceptionnels à la suspension des visites « ne devraient pas être réduits au seul contexte de la fin de vie ».
L'instance se penche également sur le cas plus particulier des personnes présentant des troubles cognitifs, qui peuvent ne pas comprendre les enjeux de la mesure de confinement. Et dont l'anxiété et les troubles du comportement peuvent être majorés en raison de la désorganisation de leur routine par défaut des soignants. Le CCNE pose une question délicate : « Faudra-t-il aller jusqu’à contraindre ces personnes en leur appliquant des mesures de contention ? » La réponse « n’est pas évidente puisque, si "la liberté" de ces personnes doit être recherchée, son respect "absolu" peut mettre en danger la santé d’autres personnes ». Ce qui importe, c'est que les réponses soient réfléchies à plusieurs et données individuellement.
À lire également :