La mortalité du mois de mars 2020 est désormais connue. Pour les personnes âgées, elle fait apparaître une surmortalité de 10 à 15 % par rapport à mars 2019. Mais les chiffres sont comparables à ceux de 2018, marqués par une grippe très forte. Une analyse de la Fnaqpa.
« La communication grand public quotidienne sur les décès en Ehpad est carrément traumatisante pour l’ensemble de nos parties prenantes, à commencer par les résidents eux-mêmes et leurs familles, mais aussi pour l’ensemble des professionnels et de leur entourage. » La Fédération nationale avenir et qualité de vie des personnes âgées (Fnaqpa) met les pieds dans le plat dans un document daté du 5 mai. Elle le fait avec un objectif précis : « fournir aux adhérents des éléments de langage de nature à nourrir leur propre communication, sincère et transparente, à l’égard de leurs parties prenantes. »
9 morts sur dix ont plus de 65 ans
Le facteur âge, comme on le sait, est déterminant dans le choix des victimes du virus. « En France, au 28 avril 2020, 91 % des personnes décédées du Covid-19 avaient plus de 65 ans », rappelle la Fnaqpa. Depuis quelques semaines, le décompte quotidien des décès en France distingue la catégorie des décès qui ont eu lieu en ESMS. Cela ne concerne pas simplement les Ehpad, mais aussi les Ehpa, les établissements pour personnes handicapées, etc. Dans les faits, 98 % de ces décès concernent les Ehpad.
11 000 décès de résidents d'Ehpad
Au 27 avril, les chiffres étaient les suivants : 8 630 décès avaient été enregistrés en Ehpad. À cela, il fallait ajouter 2 807 décès qui concernent des résidents d'Ehpad ayant rendu leur dernier souffle à l'hôpital. On arrive au chiffre impressionnant de 11 437 décès de résidents en Ehpad. À noter que la région Ile-de-France concentre à elle seule 44 % de cette mortalité.
Un quart de décès en Ehpad normalement
L'étude tente d'examiner la surmortalité enregistrée par les Ehpad. Cet indicateur est jugé le plus intéressant car la comptabilisation des cas Covid n'a pas été la plus rigoureuse. « Lors des premières semaines de l’épidémie, à défaut de tests en nombre suffisant, tous les décès étaient comptabilisés Covid », rappelle la Fnaqpa.
En année « normale » , la France enregistre 600 000 décès dont un quart a lieu en Ehpad, soit 150 000. Cela représente un quart des résidents. Autrement dit, un résident d'Ehpad sur quatre décède dans l'année.
Surmortalité de 10 %
« Sur le mois de mars 2020, relève le document, la hausse de la mortalité nationale s’élève à environ 10 % par rapport à mars 2019 (57 441 décès au lieu de 52 011) ». Mais les choses sont un peu plus compliquées car mars 2019, mois de comparaison, a été marqué par une faible mortalité. Ce qui n'est pas le cas en mars 2018 où 58 641 décès avaient été enregistrés, un chiffre élevé pour cause de grippe particulièrement meurtrière.
Une augmentation toute relative
Concernant les personnes âgées, la surmortalité serait en mars 2020 entre 10 et 15 % supérieure à mars 2019. Le nombre de décès ce mois-ci tourne autour de 7 000, soit 13 % du total des décès. Ce chiffre marque une augmentation par rapport à mars 2019, mais pas par rapport à mars 2018.
10 % des Ehpad en situation critique
Il est cependant probable que les chiffres seront inversés en avril 2020 qui semble avoir été particulièrement meurtrier dans les Ehpad. « On craint une surmortalité de l’ordre de 50 % sur l’ensemble de la crise », indique la Fnaqpa. Selon les données de Santé publique France, 10 % des Ehpad seraient en situation critique, enregistrant au moins cinq décès.
Dans la moyenne européenne
Dans une dernière partie, le document s'essaie à une comparaison internationale. S'essaie car de nombreux pays ne se caractérisent pas par la transparence (relative) qui caractérise notre pays (la Fnaqpa réfute avec force toute « omerta »). Selon les données de l’European Ageing Network (EAN) qui regroupe 10 000 établissements dans 27 pays, une structure sur deux a été touchée par le Covid. Mais les variations sont fortes d'un pays à l'autre : la proportion n'a été que de 20 % en Australie, mais elle est montée à 57 % en Irlande et à 63 % en Norvège.
Faible transparence
Notons que les grands pays européens, comme l'Allemagne, l'Italie ou la Grande-Bretagne, ne font pas preuve d'une grande transparence. L'Allemagne propose des statistiques englobant les prisons et les CHRS. Les chiffres y sont plutôt bons (34 %), mais n'y sont comptabilisés que les décès authentifiés Covid.
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