Le Haut Conseil du travail social vient d'adopter un avis sur les "conflits de valeurs" engendrés par la crise du Covid-19 pour les travailleurs sociaux. Depuis un an, les professionnels doivent parvenir à accompagner tout en maintenant la distance.
La « simple grippette » prédite par certains en février 2020 continue donc, un an après, de menacer nos vies et de bouleverser nos existences. Et puisque le séisme ébranle notamment les Ehpad, les distributions alimentaires, les aides à domicile ou encore les polyvalences de secteur, les professionnels sociaux pourront s’accorder une pause bienvenue en découvrant la note adoptée, le 25 janvier, par le Haut Conseil du travail social (HCTS). Consacrée aux « aspects éthiques et déontologiques » de la crise du Covid-19 pour « les pratiques des travailleurs sociaux », elle permet de prendre, enfin, un peu de recul sur les presque douze mois de secousses passées.
Aider ou protéger
Ces douze pages, à vrai dire, n’apprendront sans doute rien aux acteurs du terrain. Mais elles ont le mérite de récapituler tous les « conflits de valeurs ayant soulevé des questionnements éthiques », qu'ils ont dû affronter depuis le premier confinement. Bien des professionnels pourront ainsi trouver familière la « tension » décrite par le HCTS « entre le devoir de continuer à intervenir » auprès de publics fragilisés, et « la nécessité de se protéger » soi-même autant que les autres. Ces dilemmes se sont « traduits par des positionnements divers, voire opposés », allant de « la poursuite de l’action quoi qu’il en coûte » à « l’exercice du droit de retrait », est-il rappelé. De fait, chacun a eu sa propre représentation du « choix judicieux » à effectuer...
Le collectif à l'arrêt
Sans doute l'accompagnement en « distanciel » aura-t-il permis des compromis. Mais le télétravail lui-même a pu faire surgir des questions inédites. « Comment garder une relation de soutien avec les personnes sans présence physique ? » Et « que signifie "aller vers" dans ce contexte ? » En outre, « les pratiques du travail social collectif étant mises à l’arrêt, comment s’appuyer sur l’agir ensemble » ? Et puisque face aux travailleurs sociaux, les vulnérabilités des personnes accompagnées ont souvent décuplé, le HCTS interroge : « Doit-on aller sur le champ de l’aide humanitaire et ne répondre qu’aux besoins vitaux de la population » ?
Cœur de métier
Le Haut Conseil rappelle aussi combien, dans le figeage soudain de mars 2020, le travail social a dû se recentrer sur son « cœur de métier » : « La nécessité de "prendre soin" de la personne ». Comme par magie, « des contraintes administratives ont été levées alors que celles-ci étaient en croissance permanente depuis plusieurs années ». Entre professionnels aussi, l’entraide a pu se renforcer. Et avec les publics accompagnés, les travailleurs sociaux ont pu découvrir « une expression facilitée de chacun », et « une relation plus symétrique et moins surplombante ». Comme le conclut le HCTS, « étonnamment, la distance physique avec les personnes a été comblée par un lien humain plus fort qu’à l’accoutumée ».
La solidarité en priorité
Le Haut Conseil conclut cette rétrospective par une série de recommandations. La première concerne tout particulièrement notre époque nouvelle. « Quelles que soient les modalités de travail, en présentiel ou en distanciel, la recherche de cohésion sociale et de solidarités doit rester une priorité. » Le mot d’ordre devrait pouvoir se répéter utilement en 2021.
Retour sur la « phase de déconfinement » dans la protection de l'enfance
L'Observatoire national de la protection de l'enfance (ONPE), lui aussi, s'efforce de tirer des leçons des bouleversements de 2020. Après une première « note d'actualité » sur le premier confinement, il analyse à présent le « non-retour à la normale » engagé à partir du 11 mai 2020. Entre « la reprise en présentiel de la scolarité des enfants » et le retour « des droits de visite et d'hébergement » pour les jeunes confiés, « cette période de déconfinement a été marquée par un enchevêtrement de contraintes », relate l'ONPE.
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