Dans l'ouest de la Guyane, face à la démographie galopante, la violence et la grande pauvreté, les professionnels du social et médico-social sont submergés. Certains dénoncent des dispositifs nationaux inadaptés aux spécificités du territoire.
La pluie tropicale s'abat sur Saint-Laurent du Maroni (SLM), principale ville de l’ouest guyanais, ce matin de février. La météo empêchera sans doute Audrey Gonneau d’échanger sur un trottoir avec les jeunes filles qu’elle suit, comme elle en a l’habitude. Mais la communication n’est pas rompue. Son téléphone ne cesse de vibrer : des simples bonjours aux sollicitations, pour remplir des papiers administratifs par exemple.
Cette éducatrice spécialisée du réseau Périnat est chargée d’accompagner et orienter les filles et femmes enceintes âgées de 12 à 21 ans. Une réalité prégnante, en Guyane, où l'on enregistre 40 fois plus de grossesses chez les moins de 15 ans que la moyenne nationale. Et le phénomène est encore plus frappant à l'ouest de ce territoire d'outre-mer.
Des structures dépassées
À Saint-Laurent, où 60 % des habitants ont moins de 17 ans, Audrey Gonneau, comme l’ensemble des travailleurs du social et médico-social rencontrés, déplore que les structures chargées d'accompagner les jeunes soient sous l'eau. D’autant que d’autres problématiques sociales s’ajoutent à la démographie galopante : grande pauvreté, mineurs non accompagnés, décrochage scolaire, violence entre gangs…
Une mauvaise image
Les structures, publiques ou privées, peinent à recruter. Faute de formation sur place, elles tentent d’embaucher des métropolitains. Mais « la Guyane est très mal perçue en France métropolitaine, et Saint-Laurent du Maroni encore plus », constate Émilie Roussos, ancienne éducatrice spécialisée aujourd’hui élue municipale, vice-présidente du centre communal d'action sociale (CCAS) de Saint-Laurent.