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Dans le Calvados, lycéens et travailleurs d’Esat tissent un lien

Longs FormatsLaetitia DELHON16 décembre 2021
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Depuis 2015, à Falaise, les lycéens de la filière "accompagnement soins et services à la personne" et les travailleurs de l’Esat de l’Essor construisent ensemble des projets. Courts-métrages, association, stages annuels, WebTV, fêtes partagées : un lien qui dure et se réinvente pour lutter contre les discriminations et diffuser un message inclusif.

Une aventure humaine hors du commun commence toujours par une rencontre. Ici, celle d’un professeur de lettres et d’histoire du lycée polyvalent Guillaume Le Conquérant de Falaise (Calvados), Philippe Feray, et d’un directeur d’établissement et service d'aide par le travail (Esat), Jacques Serpette.

Un geste mémoriel

En 2015, dans ce département parsemé de cimetières de soldats américains, anglais, canadiens et allemands, où la mémoire du Débarquement de juin 1944 est vivace, le premier travaille sur un pan oublié de la Seconde guerre mondiale : la mort de 300 000 victimes civiles, dont 45 000 personnes en situation de handicap mental ou psychique, derrière les murs des hôpitaux psychiatriques.

Le second s’intéresse au Mouvement pour une société inclusive, sous la houlette de l’ancienne adjointe du Défenseur des droits Maryvonne Lyazid et de l’universitaire Charles Gardou, qui militent pour la création d’un geste mémoriel afin de rendre hommage à ces victimes occultées de la grande Histoire.

Premier face à face

David Guillaume, travailleur à l'Esat de Falaise, était de la première rencontre avec les lycéennes engagées dans le projet. Lætitia Delhon pour Le Media Social

« Très vite nous voyons l’intérêt pour les élèves et les travailleurs d’échanger ensemble sur ce sujet et nous organisons une première rencontre à l’Esat, décrit Philippe Feray. Un travailleur prend alors la parole et c’est le premier choc : je me souviendrai toute ma vie de ce face-à-face ».

Ce travailleur, c’est David Guillaume : il raconte ce jour-là sa peur quand, victime de harcèlement par un groupe de jeunes dans le bus qu’il empruntait chaque jour, il fut traité de « mongol » puis menacé avec un cran d’arrêt.

La face cachée du handicap

Les élèves, qui se demandaient au départ ce qu’elles venaient faire là - les filles sont majoritaires dans cette filière accompagnement soins et services à la personne (ASPP) - sont saisies d’effroi.

Elles découvrent la face cachée du handicap : les moqueries, les insultes, les discriminations encore largement subies, largement tues, parfois profondément enfouies.