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Des travailleurs sociaux et des citoyens alliés pour l'accès aux droits

Longs FormatsAurélie VION20 juin 2024
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Le département de Meurthe-et-Moselle fait partie des 39 territoires à expérimenter une démarche de « zéro non-recours ». Reportage, sur le terrain, aux côtés des travailleurs sociaux et des habitants partis à la rencontre des personnes qui ne perçoivent pas les allocations auxquelles elles pourraient prétendre.

Sur le marché solidaire du quartier Saint-Michel-Jéricho, en banlieue de Nancy, entre les fruits et légumes vendus par l’association d’insertion par l’activité économique Lortie, et les portants de vêtements d’une friperie solidaire, le stand « Avec vous pour vos droits » propose thé, café et petits gâteaux aux badauds.

Contourner les réticences

Ici, il n’y a rien à vendre. Tous les mercredis matin depuis le mois de janvier, Stéphanie, Élodie, Stéphane, Éric et John sont présents sur le marché pour échanger avec les habitants et les aider à faire valoir leurs droits. Chacun d’entre eux porte un badge siglé « Avec vous pour vos droits », sur lequel est juste mentionné leur prénom, mais pas leur fonction.

Impossible de distinguer, dans l'équipe « Avec vous pour vos droits », qui est travailleur social ou non. Mathieu Cugnot/Divergence pour Le Media Social

Impossible de savoir qui est travailleur social, qui est bénévole. « C’est un choix délibéré, précise Élodie Gachet, membre de l’équipe qui exerce comme travailleuse sociale pour le département. Il y a chez beaucoup de personnes une réticence ou une crainte à parler avec des travailleurs sociaux, c’est l’un des freins à l'accès aux droits. »

Instaurer un climat de confiance

À ses côtés, Stéphane Ruiz et Éric Wahler sont membres du conseil consultatif des usagers du service public de l’insertion et de l’emploi (SPIE) du département. « Notre rôle est d’accueillir, d’être un premier contact avec les gens, indique Stéphane. On parle de tout et de rien, du mauvais temps… On explique ensuite la démarche, on aborde les éventuelles difficultés que les personnes peuvent rencontrer et nous leur disons qu’il y a des professionnels qui peuvent les aider. »

La présence de bénévoles contribue à l’évidence à instaurer un climat de confiance : « Moi aussi, je suis au RSA, on est comme eux, confirme Éric. Je leur dis qu’il ne faut pas avoir honte de faire les démarches pour faire valoir ses droits. Il y a malheureusement beaucoup de stéréotypes qui circulent. Les gens ont peur de passer pour des parasites ou des fainéants. »

« Plus sympa au marché »

Mireille, qui habite le quartier, est venue au stand en habituée. Sous tutelle, elle a besoin de conseils juridiques et préfère venir les chercher au marché que dans un bureau.   Mathieu Cugnot/Divergence pour Le Media Social

Le stand voit défiler des curieux mais aussi des habitués, comme Mireille qui habite le quartier : « Je suis sous tutelle et j’ai des questions à poser pour des conseils juridiques. J’aime mieux venir les poser au marché que dans un bureau ! » « C’est sûr que c’est plus sympa de venir ici », acquiesce John, qui habite lui aussi le quartier et qui épaule l’équipe en tant que militant à ATD Quart Monde.