Pour leur arrivée en troisième année, les élèves de l'IRTS d'Ile-de-France ont eu droit à un avertissement : elles n’ont pas droit à l’erreur. Les promotions de 2017 sont en effet les dernières à préparer les diplômes au niveau III. Aucun redoublement n'est prévu.
« Les boîtes de kleenex, on n’en a plus ! » Pas de larme en vue, pour l’heure, sur les visages des étudiantes de l’Institut régional de travail social (IRTS) d’Ile-de-France, à Montrouge (Hauts-de-Seine). Mais en ce lundi de rentrée, la responsable de la formation, Isabelle Tiret, préfère avertir les quelque trente élèves qui entament aujourd’hui leur troisième année : l’été prochain, elle ne souhaite pas avoir à les consoler. « On vous aime beaucoup, mais on préfèrera vous voir sur le terrain, plutôt qu’ici ! » Il est vrai que cette promotion a une spécificité. Elle est la toute dernière à préparer le diplôme d’Etat d’assistant de service social dans son ancienne mouture, définie en 2004 au niveau III – c’est-à-dire à bac + 2.
« Sans vous mettre la pression »
En septembre prochain, en effet, la rentrée en troisième année se fera pour obtenir le diplôme défini en 2018, désormais à un niveau II, équivalent à la licence. Les élèves de Montrouge n’en tirent certes aucune frustration : leur école a la particularité de leur faire préparer, simultanément, une licence de l’université de Paris 13. Mais avec le changement de programmes en vue, comment pourront-elles redoubler, si jamais elles n’obtiennent pas les quatre « domaines de compétences » requis pour le diplôme d’Etat ? A cette question, Isabelle Tiret n’a encore obtenu aucune réponse. En aparté, elle espère certes qu’une session de rattrapage pourrait au moins être organisée, pour les élèves échouant à cette troisième année. Mais en attendant, devant le tableau blanc, la formatrice Eva Gonord met les points sur les i. « Si vous n’avez pas votre diplôme cette année, cela risque d’être compliqué. Sans vous mettre la pression, mieux vaut l’avoir cet été ! »
Dossier de pratiques professionnelles
Il est vrai que certaines épreuves disparaîtront définitivement l’an prochain. « Il n’y aura plus de dossier de pratiques professionnelles », illustre Eva Gonord. Exit, également, l’exercice de la synthèse. « Après vous, les élèves devront réaliser des "études de situation" », explique son collègue Christian Jodeau. « Ce sera une approche plus professionnelle, mais à mon avis, l’épreuve actuelle est plus formatrice intellectuellement. » Quant à la durée totale des stages, elle s’allongera à 52 semaines, contre 48 précédemment.
Stage en Yvelines
Et qui a déjà trouvé son stage pour cette dernière année ? Elles ne sont qu’une douzaine à lever le bras. « Pour les autres, il va falloir mettre les bouchées doubles », prévient Isabelle Tiret. Eva Gonord peut au moins en proposer un - dans un village reculé des Yvelines, « et il est non gratifiable »… En attendant, « dès le 4 septembre, vous avez recherche de stage », annonce la formatrice. « Cette troisième année est celle du stage de professionnalisation et de l’acquisition professionnelle », commente Isabelle Tiret.
Mémoire sur l'autonomie
Mais cette année fatidique est également celle du mémoire, qu’il faudra remettre début mai, au plus tard. Alors, en cette rentrée, les sujets s’affinent déjà. Ahne-Love Pezeron, par exemple, compte explorer le « frein dans l’accompagnement social » que peut constituer l’incitation des usagers à l’autonomie. Stéphanie Dixit, elle, s’intéressera à l’insertion des femmes résidant en CHRS. Quant à Nadia Belbachir, elle planchera sur « l’accompagnement social des personnes étrangères majeures en situation irrégulière ».
Se faire embaucher
Il ne reste plus qu’à affronter brillamment ces dix mois décisifs. « Cela impressionne un peu, car cette année, on ne doit pas se rater », souffle Ahne-Love Pezeron. « Ca va être très dense, ça va être chaud », acquiesce Stéphanie Dixit. Mais les futures assistantes sociales de Montrouge semblent déjà impatientes d’embrasser le métier. Les diplômées de 2020 ne devraient d’ailleurs pas peiner à se faire embaucher. Cet été, Isabelle Tiret n’a cessé d’être sollicitée par des employeurs, désespérement en quête d’assistant social - trois à quatre fois par semaine, dit-elle. Du jamais vu.