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Article26 mai 2021
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Des voix contre les violences dans le travail social

"Balance ton travail social" : sous ce mot d'ordre, des professionnels témoignent, sur les réseaux sociaux, des agressions vécues à leurs postes. Après le meurtre de la CESF Audrey Adam, et son faible écho national, les violences professionnelles trouvent un exutoire inédit.

« Lors d’une visite à domicile, une personne m’a menacé avec une poêle à frire », raconte un assistant social : « J’ai dû m’enfuir en courant. » En écho, une éducatrice spécialisée témoigne à son tour : « J’ai été menacée de viol par des mineurs dans le cadre de mon travail. » Plus loin, une assistante sociale se rappelle également : « À la sortie d’un entretien, un homme m’a donné un coup au visage. » Ainsi s’égrènent, depuis le 24 mai, sur les réseaux sociaux, des témoignages parfois glaçants de violences dans le travail social, tous rassemblés sous le mot-dièse #balancetontravailsocial.

Sous le choc

Le mouvement a été engagé par Travail social de demain, un « collectif de travailleurs sociaux », rassemblés sous le choc du meurtre d’Audrey Adam, cette CESF tuée le 12 mai par un octogénaire qu’elle accompagnait à domicile, dans l’Aube. Pour l’heure, « nous sommes un noyau dur de sept assistants sociaux, de toute la France », comme l’indique l’une de ses membres, qui préfère rester anonyme. « Mais nous cherchons à y intégrer toutes les professions. »

43 000 signataires

Sonné par le drame de leur collègue, mais aussi par le silence qu'il a rencontré sur la scène médiatique et politique nationale, le petit groupe a d’abord fait circuler une pétition « pour le soutien et la reconnaissance des travailleurs sociaux », adressée à Emmanuel Macron - et déjà signée par plus de 43 000 personnes.

Arrêter de se taire

Après la marche blanche, menée en l’honneur d’Audrey Adam le 22 mai dans son village de Mergey, les consœurs ont finalement lancé cette idée sur leur page Facebook : « Et si nous arrêtions de nous taire ? Et si nous partagions les violences professionnelles que nous pouvons subir ? Faites-vous entendre avec le #balancetontravailsocial. »

« Affolant » 

« C’est affolant », s'étonnait déjà notre interlocutrice, deux jours après. « Nous aurons bientôt recueilli une centaine de témoignages. » Et au-delà de leur nombre, cette assistante sociale s’effare de la gravité de certains des faits ainsi relatés, à l’image de ce viol, subi par une consœur, par un homme accompagné.

Secret professionnel

« On nous remercie, à chaque fois, d’offrir enfin cet espace de parole », note-t-elle. Les travailleurs sociaux auraient-ils donc tendance à étouffer, ordinairement, toutes les violences vécues dans leurs accompagnements ? « Nous sommes soumis au secret professionnel », explique tout d’abord cette assistante sociale. Et au-delà, « face à certaines pathologies, les travailleurs sociaux ont tendance à accepter des violences, dans la mesure où elles peuvent s’expliquer ». Sur Facebook le collectif réaffirme d’ailleurs son « plus grand respect du public accueilli ».

Morts pour le service de la République

Mais le meurtre d’Audrey Adam pourrait avoir épuisé cette accoutumance à la violence. Comment voir un tel drame ainsi ignoré, alors que le meurtre d’un policier, une semaine plus tôt, a pu soulever une émotion nationale ? La proposition d’Emmanuel Macron, le 21 mai, d’honorer les « morts pour le service de la République » a d’ailleurs fait s’étouffer le collectif Travail social de demain : « Dans le discours du Président à aucun moment ne sont cités les travailleurs sociaux », s'étonne-t-il sur sa page Facebook.

Légion d'honneur

En visite dans l’Aube auprès d’acteurs du sport, le 19 mai, Emmanuel Macron s’était pourtant vu remettre un message écrit du président du conseil départemental. Philippe Pichery l’y appelait à remettre une légion d’honneur, à titre posthume, à Audrey Adam. Mais à Troyes, ce 26 mai, aucune réponse n’était encore parvenue.

Pour le HCTS, « la nation doit se tenir unie au côté de nos travailleurs sociaux » 

Les travailleurs sociaux « exercent un métier exigeant, indispensable pour les individus et la société, mais comportant des risques pouvant aller jusqu’à mettre en jeu leur sécurité ». C'est ce que souligne la vice-présidente du Haut conseil du travail social (HCTS), Véronique Arriau, dans un message de condoléances aux proches d'Audrey Adam. Son instance, assure-t-elle, « continuera d’œuvrer sans relâche pour une meilleure reconnaissance de tous les professionnels du travail social et de l’intervention sociale »

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OlivierBONNIN
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