Une crise, en l'occurrence celle de la protection de l'enfance, n’est-elle pas le meilleur moment pour faire tomber les résistances et achever un changement de modèle, s'interroge Jean-Luc Gautherot, ingénieur social, dans cette nouvelle chronique*.
Le projet de refondation de la protection de l’enfance annoncée par l’ex-Premier ministre, Michel Barnier, n’aura pas lieu.
Lors de son audition devant la délégation des droits de l’enfant le 17 novembre 2024, Agnès Canayer, ex-ministre déléguée chargée de la Famille et de la Petite enfance, avait eu le temps de préciser sa vision de cette refondation. Je cite : « Je veux ici vous partager une conviction, il faut désinstitutionnaliser la protection de l’enfance ».
La protection de l’enfance poursuit sa lente conversion au modèle inclusif dont la désinstitutionnalisation est la condition. La crise actuelle de ce secteur pourrait accélérer ce processus.
Qu'est-ce que la désinstitutionnalisation ?
Le meilleur document pour comprendre ce qu’est la désinstitutionnalisation de l’action sociale est le suivant : « Lignes directrices européennes communes sur la transition des soins en institution vers les soins de proximité ».
Si on applique ses contenus à la protection de l’enfance française, les établissements suivants sont des institutions : maison d'enfants à caractère social (Mecs), foyer de l’enfance, pouponnière, foyer maternel ou foyer parental.
Les lignes directrices listent les solutions qui doivent remplacer ces établissements :
- Prise en charge par les proches (membres de la famille ou tiers digne de confiance) ;
- Placement familial (famille d’accueil) ;
- Adoption.
Désinstitutionnaliser la protection de l’enfance, c’est donc remplacer les établissements par des tiers dignes de confiance, des membres de la famille, des familles d’accueil et des adoptions.