Outre la prévention du Covid-19, les établissements et services doivent aussi assumer la fermeture, ce lundi, des établissements scolaires. Or les professionnels de la protection de l'enfance n'ont pas d'accès aux services de gardes d'enfants.
Difficile de demander par téléphone, même pour quelques minutes, des professionnels de la protection de l’enfance, en ce lundi 16 mars. « On est sous l’eau ! » « Rappelez la semaine prochaine »… En ce jour de fermeture des établissements scolaires « jusqu’à nouvel ordre », il faut en effet revoir bien des organisations, dans les hébergements aussi bien que dans les services de milieu ouvert, ainsi qu'auprès des assistants familiaux ou en prévention spécialisée. Car s'il faut désormais s'occuper de tous les enfants protégés pendant les heures d'école, les professionnels parents d’élèves, eux-mêmes, doivent réorganiser leur quotidien familial.
Pas de garde pour les personnels
Or les personnels de la protection de l’enfance, jusque-là, ne bénéficient pas du service de garde d’enfant, désormais proposé à leurs collègues médico-sociaux ou sanitaires. Le Groupe national des établissements publics sociaux et médico-sociaux (Gepso) ne manque pas de « s’en étonner », dans un communiqué publié le 16 mars. « Les enfants placés relèvent de dispositifs d’accueil et d’hébergement comparables au champ du handicap, avec un accueil en internat 365j/365j et sont pour 30 % d’entre eux, les mêmes enfants », souligne l’organisation. Le Gepso demande donc l’extension du système de garde « dans les meilleurs délais », à tous les professionnels des établissements de la protection de l’enfance.
Une continuité à garantir
Pourtant, dès qu’Emmanuel Macron a annoncé la fermeture des écoles, jeudi 12 mars au soir, son secrétaire d’Etat Adrien Taquet s’est mobilisé « pour garantir aux enfants accueillis en protection de l’enfance une continuité dans la scolarisation, l’encadrement et l’accès aux loisirs », assure le ministère, dans un communiqué publié dès le lendemain. Le gouvernement s’est ainsi efforcé de « coordonner une réponse adaptée aux besoins des enfants » et « permettant de soutenir l’ensemble des acteurs du secteur de la protection de l’enfance», y compris les assistants familiaux. Le dispositif de l’Education nationale « ma classe à la maison », notamment, doit permettre la poursuite de la scolarisation des enfants protégés. Adrien Taquet espère en outre « qu’un esprit de solidarité et de cohésion permette aux étudiants, enseignants et animateurs disponibles de venir apporter leur appui à l’accueil en journée » dans les établissements.
Premiers bilans
Dès ce mardi 17 mars, cependant, « un premier bilan de l’adaptation aux nouvelles mesures » doit être effectué par Adrien Taquet avec les représentants des établissements. De même, les porte-parole des services d’intervention à domicile et des assistants familiaux doivent être réunis jeudi 19 mars. « Si des difficultés sont remontées à l’occasion de ce premier bilan, tout sera mis en oeuvre pour apporter au cas par cas le soutien adéquat en lien avec les préfets, les agences régionales de santé et les départements concernés », poursuit le ministère. La question de l’accès aux gardes d’enfants pourra donc, sans doute, y être abordée.
Plans de continuation de l'activité
En attendant, « des plans de continuité de l’activité (PCA) existent dans les services et établissements du secteur de la protection de l’enfance et seront activés », rappelle le ministère des Solidarités. L’élaboration de ces documents avait été recommandée dès 2007, pour mieux préparer le « secteur médico-social et social à une pandémie grippale » (!). Mais pour les structures qui en sont encore dépourvues, une série de préconisations simples viennent d’être rassemblées par la Direction générale de la cohésion sociale. L’Uniopss elle-même, vient de mettre en ligne différents outils pour mettre en œuvre ces PCA.
A la PJJ aussi
Quant au ministère de la Justice, il a précisé le dimanche 15 mars que « l’accueil des mineurs confiés à la protection judiciaire de la jeunesse », notamment, doit pouvoir être maintenu « dans un cadre qui prévient la propagation du virus tant à l’égard des personnels que des publics reçus ou pris en charge ». L’activité dans les services de placement, ajoute-il, doit être « maintenue avec des mesures de précaution (suspension des activités collectives à l’extérieur des établissements et contrôle sanitaire étroit des activités collectives à l’intérieur des établissements) ».
« Réactif, inventif, innovant »
Avec près de 450 salariés, dans un département, le Morbihan, déjà très touché par le Covid-19, la Sauvegarde 56 devait donc déployer ce lundi « beaucoup d’efforts et de réactivité pour maintenir les services et les missions en continu », y glissait-on par téléphone, entre deux urgences.
Dans le Limousin, pour le moment moins exposé, une directrice d’association pouvait déjà décrire plusieurs adaptations réalisées : du soutien scolaire déjà organisé en maison d’enfant, un accueil du public désormais interrompu, des gestes barrière généralisés, un accompagnement par téléphone renforcé en milieu ouvert, et un soutien accentué aux assistants familiaux… « Etre réactif, inventif et innovant, c’est notre crédo », résume la directrice. Mais elle aussi espère, ardemment, un accès de ses salariés aux gardes d’enfants.