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Tribune libre01 mars 2021
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Ehpad : l'union fait la force !

À la tête d'un Ehpad public en Seine-Saint-Denis, Eve Guillaume nous raconte pourquoi son établissement a des marges de manœuvre inespérées. Tout simplement parce qu'il travaille main dans la main avec trois autres Ehpad pour mutualiser des moyens et réfléchir ensemble.

La semaine dernière, nous avons accueilli un nouvel outil dans notre établissement : un écran de visioconférence. Il a émerveillé les agents et les résidents. L’animateur et la psychomotricienne ont déjà commencé à réfléchir à de nouvelles activités grâce à ce nouvel outil : visualisation de vidéos, dessin avec le stylet, rédaction d’articles participatifs…

Quatre Ehpad unis

Un investissement qui a été rendu possible par la réponse à un appel à projet de la Fondation de France avec trois autres Ehpad publics du département : Constance Mazier à Aubervilliers, La Seigneurie à Pantin, Les Quatre saisons à Bagnolet et Lumières d’Automne à Saint-Ouen. Depuis deux ans, nous avons pris l’habitude de répondre ensemble à des appels à projet et à penser en commun nos actions futures et nos investissements.

Nos quatre établissements ont renforcé leur lien depuis quelques années avec l’appui de l’Agence régionale de santé et du département. L'épidémie de Covid-19 nous a démontré que notre rapprochement était une véritable force.

Exercice solitaire

Lumières d’Automne, l’établissement que je dirige, est une petite unité de vie qui accueille 80 résidents, un Ehpad public dit autonome car il n’est pas rattaché à un centre hospitalier. Diriger ce type d’établissement est parfois qualifié d’exercice solitaire. L’équipe de direction est restreinte au directeur, au cadre de santé et au médecin coordonnateur. Certains métiers sont représentés par une seule personne : psychomotricien, animateur, psychologue, ergothérapeute…

Priorité aux échanges...

En période d’épidémie, il a été indispensable à nos établissements de pouvoir être en lien. Nous avons échangé sur nos pratiques entre directeurs et débattu des sujets éthiques révélés par la gestion de la crise. Les cadres de santé, les médecins et certains paramédicaux ont aussi pu échanger sur les prises en charge, les derniers articles scientifiques ou diffuser les informations importantes d’un confrère hospitalier. Communiquer entre nous est devenu un automatisme qui va perdurer dans le temps sur d’autres sujets qui nous animent.

... et aux mutualisations

Ce rapprochement a aussi développé notre solidarité : échange de matériels, de protocoles et de documents divers et variés. Il permet aussi de développer notre technicité. Sur des établissements de taille moyenne (80 à 100 résidents), nous ne pouvons pas nous permettre de recruter un temps plein d’ingénieur travaux, ingénieur qualité, mandataire judiciaire, psychologue du travail… Notre regroupement nous a ainsi permis de mutualiser certaines fonctions.

Création de nouveaux postes

L’Ehpad de Pantin, qui accueille 280 résidents et a donc une taille qui offre d’autres opportunités, a ainsi mis à disposition les compétences de son responsable des services techniques, de sa chargée de communication et des relations publiques, de sa cadre de santé supérieure sur les autres établissements. Nous avons aussi pu créer de nouveaux postes pour une médiatrice artistique partagée et nous recherchons actuellement un ingénieur qualité. Des ressources indispensables pour diversifier notre offre et améliorer la qualité de nos prises en charge.

Infirmiers de nuit

Nous nous permettons maintenant d’être plus ambitieux dans nos projets. Nous avons mis en place des infirmiers de nuit dans trois des établissements dans le cadre du projet national d’expérimentation. Le futur ingénieur qualité œuvrera aussi à une harmonisation des pratiques et une sécurisation de nos process.

Formations mutualisées

La mutualisation des moyens réduit les coûts et offre l’opportunité de faire davantage. Notre plan de formation est désormais en grande partie mutualisé. Ainsi, les formations ont lieu dans l’un de nos quatre établissements et nos agents s’y déplacent. Au-delà du suivi d’un enseignement, le personnel rencontre des pairs d’autres établissements et peut échanger sur les pratiques pour s’enrichir mutuellement.

Et un tournoi de baby-foot...

La cohésion entre les établissements nous amène même à penser un tournoi de baby-foot interétablissements ! Nos résidents et les agents ayant particulièrement adhéré à cette nouvelle acquisition, nous sommes actuellement dans une phase d’entraînement et de tournois internes.

Demi-journée de partage

Chaque vendredi après-midi, les directeurs et directeurs adjoints des quatre établissements se retrouvent pour une demi-journée de partage. Nous avançons sur nos projets communs, nous partageons nos difficultés, nous échangeons nos bonnes idées et pratiques. Ce rendez-vous hebdomadaire a rompu notre isolement et apporte du confort dans notre exercice.

Le 93 défavorisé

Nous avons développé un projet commun : promouvoir le service public médico-social sur le territoire de la Seine-Saint-Denis. Accueillant des résidents plus précaires que la moyenne (80 % des résidents bénéficient de l’aide sociale du département ou de l’État), nous avons la volonté de porter les valeurs d’un service public de qualité et accessible à tous.

Vers une intégration plus forte

À terme, la volonté de notre rapprochement est d’aller vers une intégration de plus en plus forte, notamment en mutualisant nos marchés, ce qui permettra de faire des économies qui seront directement réintégrées dans l’amélioration de la qualité.

C’est notre envie de travailler ensemble, avec un socle de valeur commun qui nous permet d’avancer chaque jour pour un meilleur accompagnement de nos aînés du territoire. Ensemble, nous tentons d’imaginer les prises en charge de demain au regard des besoins et de la population séquano-dyonisienne.

Un « Carnet de bord »  à quatre voix

En ces temps de crise sanitaire, les missions du travail social et médico-social sont, chaque jour, remises sur la table et placées sous le regard du grand public. Si, voici quelque temps, il était (peut-être) possible de vivre caché pour vivre heureux, ce n'est plus possible. Il faut exposer les situations, argumenter, se poser des questions. Qui mieux que les professionnels sont en mesure de rendre compte de leur vécu.

Ce n'est pas tout à fait une première pour Le Media Social. Lors du premier confinement, nous avions proposé à Ève Guillaume, directrice d'Ehpad en Seine-Saint-Denis, de tenir un carnet de bord hebdomadaire. Les réactions de nos lecteurs furent très positives puisqu'on permettait à chacun de rentrer dans la « cuisine » d'un Ehpad.

Voilà pourquoi Le Media Social a décidé de prolonger cette expérience en lançant ce carnet de bord hebdomadaire à quatre voix *, les voix de quatre professionnelles de secteurs différents. Pour « ouvrir le bal », nous avons demandé à Ève Guillaume (de nouveau), Christel Prado, Dafna Mouchenik et Laura Izzo de tenir à tour de rôle ce carnet de bord. Qu'elles en soient ici remerciées. Évidemment, ces chroniques appellent le témoignage d'autres professionnels. À vos claviers !

* Les propos tenus par les professionnels dans le cadre de ce « Carnet de bord »  n'engagent pas la rédaction du Media social.

Les quatre précédents « Carnets de bord » :

EveGUILLAUME
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