Depuis la crise sanitaire, les difficultés s'accumulent pour les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), et parmi eux, ceux gérés par les communes : au point de laisser craindre une accélération de leur diminution. Pourtant, ce service public local est essentiel à l’équilibre de l’offre et à la vie des personnes âgées les plus modestes.
La liste des difficultés auxquelles les établissements d'hébergements pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) doivent aujourd’hui faire face s’apparente - sans exagérer outre mesure -, aux dix plaies d’Égypte.
Il y a eu la crise sanitaire et ses morts (au moins 40 % des personnes décédées du Covid résidaient en Ehpad, tous Ehpad confondus) puis le scandale Orpea. Deux évènements qui ont eu des répercussions sur l’ensemble du secteur avec, à la clé, une défiance accrue des familles.
Des défis nombreux
S’ajoutent à cela les défis toujours plus aigus de recrutement, jusqu'à aboutir, parfois, à la fermeture de lits. Les taux d’occupation qui dégringolent, déséquilibrant encore plus les finances des établissements. Et, plus récemment, la hausse de la rémunération des personnels, suivie de l’inflation, en particulier celle sur les prix de l’énergie.
Dans ce contexte difficile, les Ehpad publics territoriaux sont tributaires, en outre, des restrictions financières propres aux collectivités qui les financent, lesquelles ont parfois bien du mal à supporter le coût, déficit compris, de ces établissements.
Le secteur public en baisse
Alors que le secteur public - qui comprend également les Ehpad hospitaliers - a longtemps représenté plus de la moitié des places, sa part est, en 2022, passée en dessous des 50 % (chiffres CNSA) : les 7 467 Ehpad et leurs 614 608 places se répartissent ainsi pour 48 % dans des établissements publics, 29 % dans des établissements privés à but non lucratif et 23 % dans des établissements privés commerciaux - ce dernier quart étant marqué par une forte concentration autour de quatre grands groupes privés.
Des alertes sans réponse
Des chiffres qui cachent d’importantes disparités régionales, les différents acteurs étant historiquement plus ou moins implantés.
« Au cours de ces dix dernières années, nous avons régulièrement alerté les ministres successifs en charge du dossier des conséquences de ce grignotage du secteur public, sans obtenir de réponse », regrette Annabelle Vêques, directrice de la Fédération nationale des associations de directeurs d'établissements et services pour personnes âgées (Fnadepa).
Batailles commerciales
« Pour les Ehpad publics territoriaux, logés majoritairement dans des bâtiments vieillissants, la situation bascule quand la rénovation devient indispensable mais qu’elle ne peut pas être assumée par la commune », observe Pierre Martin, maire de Chauvé (Loire-Atlantique), référent « Grand âge » à l’Association des maires de France (AMF) et ancien directeur d’Ehpad.