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EJE, un métier du travail social comme les autres ?

Longs FormatsSophie LE GALL26 septembre 2024
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Les EJE ont fêté l’an dernier le 50e anniversaire de leur diplôme d’État du travail social, et pourtant, ces éducateurs et éducatrices - mais ce sont en grande majorité des femmes - demeurent en quelque sorte à la marge du secteur. Un positionnement esquissé dès la formation initiale, que l'on doit aussi aux employeurs, aux autres travailleurs sociaux… et aux EJE elles-mêmes.

Qui n’a pas lu ou entendu « les travailleurs sociaux et les EJE » ? Une formulation qui en dit long sur la place attribuée aux éducatrices de jeunes enfants (EJE), titre créé en 1973 pour remplacer celui de jardinière d’enfants - autre formulation qui porte en elle une partie des réponses à la problématique…

« Le métier d’EJE est appréhendé comme un "métier de femmes", du care, qui, dans le passé, était exercé spontanément et bénévolement », analyse Estelle Cheminat, formatrice au centre de l’Horizon (Malakoff, 92), école spécialisée dans la formation des EJE. (*)

Rivalité et concurrence

Estelle Cheminat, EJE, formatrice au centre de l’Horizon, à Malakoff. DR

« C’est un métier que nous devons encore et toujours expliquer au grand public, particulièrement aux parents qui nous confient leurs enfants, qui sont tentés de nous aborder comme des nounous et non comme des éducateurs. Un flou qui s’explique probablement par notre rôle à la croisée de différentes sphères : le soin, l’intervention sociale, l’éducation… », développe cette EJE de formation initiale.

« On a ainsi été mises en rivalité avec les infirmières puéricultrices comme en concurrence, toute aussi stérile, avec les éducateurs spécialisés. Ce flou, qui va de pair avec un manque de valorisation, est révélateur de la considération que l’on a, encore en 2024, pour la femme dans notre société et aussi pour le jeune enfant », déplore-t-elle.

Un « objet à garder »

Nadine Weber, formatrice, intervenante à l’IRTS de Lorraine (Nancy, 54), enfonce le clou : « Le regard porté sur notre métier a à voir avec le regard que l’on porte sur le jeune enfant, encore aujourd’hui considéré comme un "objet à garder". En quoi un objet aurait-il besoin d’un travailleur social ? ».

L'EJE est-elle donc, oui ou non, une travailleuse sociale ? « Bien sûr, nous faisons à 400 % du travail social ! », assure Saber Benjima, co-président de la Fédération nationale des éducateurs de jeunes enfants (Fneje), qui exerce en protection de l'enfance. Selon lui, environ 60 à 70 % de ses consœurs et confrères exercent en structures d’accueil pour les enfants, et 30 à 40 % en milieu spécialisé.

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