Le septième groupe français d'Ehpad, Emera, est dans l'œil du cyclone. Des familles dénoncent de la maltraitance et saisissent la justice. Des salariées protestent contre le manque de personnel et des relations très tendues. Illustration dans un établissement chic de la Gironde où la directrice a été récemment remerciée.
« Quand j'arrive, maman est en colère après la jeune aide-soignante intérimaire car elle lui aurait fait mal ce matin en la levant car elle était toute seule. [...] Je constate également qu'il y a 17 résidents (dépendants) au patio pour le goûter pour seulement deux intervenantes intérimaires qui ne savaient pas qui mangeait mixé ou pas. »
Ce jour de novembre 2022, Mme G. (1) note une nouvelle situation de maltraitance dans cet Ehpad de Gradignan près de Bordeaux. Entre septembre 2022 et octobre 2023, cette fille de résidente a relevé les dysfonctionnements qui ont affecté le quotidien de sa mère et des autres résidents. Le document que nous nous sommes procuré compte pas moins de dix pages écrites en petits caractères.
4 500 euros le mois
Bienvenue à Douceur de France, un Ehpad au décor paradisiaque, entouré d'un parc de trois hectares, appartenant au groupe Emera (une centaine d'établissements, 7 000 salariés). Ici viennent finir leurs jours essentiellement des représentants de la bourgeoisie bordelaise. Il faut, en effet, débourser pas moins de 4 500 € par mois pour avoir le privilège d'y vivre. Pourtant, loin des belles photos des plaquettes commerciales et de promesses (« Vous allez être bien chez nous », vante le site d'Emera), l'envers du décor est moins reluisant.