Baisse annoncée des contrats aidés dans le projet de loi de finances pour 2024, création de France travail et activités obligatoires imposées aux allocataires du RSA dans le cadre du projet de loi "plein emploi"... Sur ces dossiers de la rentrée, le spécialiste de l'insertion, Michel Abhervé, réagit.
En cette rentrée, les sujets emploi et insertion ne manquent pas… Spécialiste de l'ESS et des politiques d'insertion, animateur d'un blog très informé, l'universitaire Michel Abhervé nous éclaire sur ces enjeux.
Comment s'explique, selon vous, la réduction annoncée des emplois aidés en 2024 ?
Michel AbhervéEn fait, cette réduction n'est pas nouvelle : entre juin 2022 et juin 2023, selon les chiffres officiels de la Dares, le nombre de personnes en « parcours emploi compétences » (PEC) a été réduit de près de 42 %. En juin 2023, ils n'étaient plus que 46 682 PEC. De toute façon, depuis sa création en 2018, ce dispositif n'a jamais cessé de connaître des variations importantes. Pendant la crise sanitaire, l'État avait ouvert de nombreux PEC ; maintenant, il réduit la voilure.
Pourquoi ces incessantes variations ?
M. A.Il faut bien comprendre que la gestion des emplois aidés n'est pas faite en fonction des besoins en insertion, mais des chiffres du chômage. Le chômage augmente et on accroît les recrutements ; le chômage recule et alors le nombre d'emplois aidés connaît la même évolution. Problème dans la période actuelle : tout le monde parle de baisse du chômage alors que ce n'est plus le cas depuis décembre 2022 où les chiffres sont stables.
Donc, le gouvernement veut réduire le volant d'emplois aidés alors que le chômage ne baisse plus…