En première ligne aux côtés des populations sinistrées, les travailleurs sociaux de Gironde ont fait face cet été à des événements climatiques d'une violence inédite : canicule, orage de grêle, incendie géant. L'urgence passée, l'heure est désormais à la réflexion. Quelles leçons tirer de ces crises pour mieux les anticiper et en atténuer les effets ?
L'odeur de la fumée. Le bruit des sirènes de pompiers. L'adrénaline. La chaleur. Évoquer les événements climatiques de l'été avec les travailleurs sociaux de Gironde, c'est d'abord replonger dans la houle des sensations.
Quatre mois après l'intense orage de grêle qui a ravagé la ville du Taillan-Médoc, au nord-ouest de Bordeaux, trois mois après les incendies géants de Landiras et de La Teste-de-Buch, l'émotion est toujours présente.
En première ligne
Il faut dire que les stigmates sont partout. Au Taillan-Médoc, des bâches couvrent toujours les toitures et des bâtiments communaux restent inutilisables. Dans le bourg de Cazaux, le quartier de La Teste le plus touché, les débris calcinés donnent au paysage un air de désolation.
Surtout, les travailleurs sociaux ont été en première ligne pour accueillir, orienter et accompagner les populations touchées. Et le sont encore, des semaines plus tard, pour faire face au contrecoup psychologique et social.
6 000 campeurs évacués
Dans la nuit du 12 au 13 juillet, à 2 h 30 du matin, le directeur du centre communal d'action sociale (CCAS) de La Teste-de-Buch, Laurent Cacciatore, est réveillé en urgence. L'incendie qui s'est déclaré la veille a pris de l'ampleur, les campings doivent être évacués et le CCAS est identifié par le plan communal de sauvegarde comme le service ressource pour l'accueil du public.
Réflexe de travailleur social, le directeur passe d'abord au bureau récupérer des registres vierges. « J'ai imprimé 60 feuilles, de quoi répertorier 600 personnes. Ça me semblait déjà énorme », se souvient-il.
À son arrivée au Parc des expositions, on lui annonce l'évacuation de 6 000 vacanciers. Un camping toutes les trente minutes. Finalement, ils ne seront que 2 500 à rejoindre le site, d'autres ayant préféré quitter la ville, ou trouvé un hébergement par leurs propres moyens.