Inflation, hausse des charges salariales, taux d’occupation en berne, inadaptation de la tarification : les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) affichent un niveau record de déficit, et ce, quel que soit leur statut. Certains sont contraints de fermer leurs portes, certains sont repris, d’autres pas... L’année 2025 marquera-t-elle un tournant ?
À Châteauvieux (Loir-et-Cher), le spectre de la fermeture plane sur l’établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) du Château. « Nous en sommes au stade de la consultation du comité social et économique (CSE). Deux hypothèses se profilent : la fermeture ou la reprise », explique le directeur Jean-Luc Duponcheel.
Pour le moment, aucun protocole d’accord de reprise n’a été conclu. « Les candidats ne se bousculent pas au portillon. Mais qui pourrait être attiré pour investir dans un secteur aussi déficitaire que le nôtre ? », s’interroge, amer, le directeur. D’autant plus que l’Ehpad associatif qu’il dirige, d’une capacité de 77 places, présente un sérieux handicap : il est situé dans un château Renaissance. Magnifique certes, mais très coûteux en termes de charges : les factures cumulées d’énergie représentent à elles seules un montant multiple à six chiffres…
Des difficultés cumulées
« Cela fait plusieurs années que notre Ehpad rencontre des difficultés. Notre association, la Société philanthropique, a comblé les déficits, mais les problèmes sont allés crescendo », se désole Jean-Luc Duponcheel. Au-delà du coût de l’énergie, l’établissement a vu ses comptes plombés par le recours à l’intérim - « nécessaire pour faire face aux difficultés de recrutement et garantir la qualité des soins et de l’accompagnement » -, le renchérissement du prix des denrées alimentaires, la hausse des charges salariales, un taux d’occupation « compliqué depuis la crise covid et le climat de défiance suite au scandale Orpéa »… Et, en face de ces surcoûts, des prix de journée qui n’ont pas évolué suffisamment.
Résultat : les pertes ont été multipliées par deux par rapport à 2020, atteignant plusieurs centaines de milliers d'euros. La solution aurait été de construire un nouveau bâtiment moderne et plus facile à chauffer, mais il aurait fallu pour cela trouver 12 millions d’euros…
L'hypothèse d’une fermeture
Pour l’heure, l’établissement se prépare comme il peut à l’hypothèse d’une fermeture : « Nous avons fait appel à un cabinet spécialisé et à une psychologue pour proposer une assistance et du soutien aux résidents, à leurs familles et au personnel », indique le directeur. « Émotionnellement, c’est très dur, tant pour les résidents que du côté des salariés pour qui il sera très difficile de voir partir des personnes auxquelles ils se sont attachés. »