Notre série "En quête de sens" s'intéresse à la trajectoire singulière de travailleurs sociaux désireux de partager leur expérience. Conseillère en insertion de formation, Léa Messina est responsable d'un dispositif inédit d'accompagnement de mineurs en situation ou en risque de prostitution, en Loire-Atlantique. Elle s'engage avec passion dans une lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants.
« La prostitution des enfants en France est une réalité qui fait peur et qu’on n'a pas envie de voir. Pourtant ça existe. Le dispositif que nous avons créé permet de donner une voix à des personnes invisibilisées, qu’on n'écoute pas. »
À 34 ans, la Nantaise Léa Messina est responsable du dispositif « mineurs en situation ou en risque de prostitution » de Loire-Atlantique.
Une plateforme d'écoute
Né en 2021 et financé par le département et la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS), il s'agit d'une plateforme d’écoute (1) à destination des professionnels, des proches et des mineurs. S'ensuit une prise en charge individualisée.
Rassemblant une dizaine d'associations mobilisées contre les violences, le dispositif est piloté par l’Association territoriale pour le développement de l’emploi et des compétences de Nantes Métropole (Atdec), qui emploie Léa Messina.
30 à 50 appels par semaine
« On reçoit 30 à 50 appels par semaine, décrit la travailleuse sociale. 80 % des appels viennent de professionnels inquiets à propos d'une mineure. 90 % des situations concernent des jeunes filles (2). 100 % des enfants impliqués ont auparavant été victimes de violence : psychologique, physique, sexuelle, ou harcèlement scolaire. »
À l'échelle du département, le dispositif suit 180 mineures. Plusieurs études montrent que la prostitution des mineures s'accroît et concernerait 10 000 à 15 000 enfants en France. De 2016 à 2020, les affaires parvenant aux services de police et aux parquets ont augmenté de 68 %.