menuMENU
search

Le Media Social - A chaque acteur du social son actualité

Article08 septembre 2023
Abonnés
Réagir
Réagir
Imprimer
Télécharger

[En quête de sens] "Quand un jeune veut me parler de ses consos, je lui dis que j’ai fumé pendant longtemps"

Éducateur auprès d’adolescents en "situation complexe" avec, pour la plupart, des problématiques d'addictions multiples, Fabien Primault se sert de sa propre expérience d’ancien consommateur pour aborder un sujet souvent tabou chez les travailleurs sociaux.

À 32 ans, éducateur spécialisé depuis seulement un an, le Nantais Fabien Primault a la sensation d’avoir déjà vécu mille vies. Maintenant qu’il accompagne celle des autres, il lui est plus aisé d’avoir du recul sur son parcours professionnel.

Celui-ci débute en fac de sport, où il passera six années, « à la base pour travailler dans le sport adapté ». Ses parents, eux, travaillent « dans la rééducation ». Son idée est fixe : s’impliquer auprès de publics en situation de handicap.

Du plaisir à la défonce

Lorsque le jeune homme débarque à l’université, il a déjà commencé à fumer du cannabis, beaucoup, depuis la classe de 1ère. « Au début c’était de la consommation-plaisir, mais c’est vite devenu pour la défonce. Sauf qu’à 17 ans, tu n’as pas d’argent. Je volais de l’argent à mes proches, je m’endettais auprès de dealers. » Comme le font nombre des adolescents qu’il suit aujourd’hui comme éducateur, dans un petit collectif composé de 4 mineurs.

Leurs réactions épidermiques, leurs manques, leurs impatiences, Fabien Primault les perçoit au premier coup d’œil. Et pour cause. « Moi au bout d’un moment, je suis devenu tendu, irritable. J’avais des tremblements dus au manque. J’ai essayé d’arrêter. » Cette première tentative est un échec. Il arrive pourtant à suivre ses cours, travaille un peu le week-end pour payer sa consommation. Celle-ci est quotidienne. Pendant un temps, il s’agit de 10 à 15 douilles [1] par jour. Il vend aussi un peu, juste à des amis, pour sa « conso perso ». La motivation s’évanouit, doublée d’une blessure à l’épaule. « Je n’avais plus envie de rien. J’étais au bord de la dépression. »

Y aller cash