Florence Fortin-Braud est bien connue des professionnels du médico-social par ses billets engagés et ses interventions piquantes lors des Assises des Ehpad. Cette aide-soignante bretonne signe un premier livre sur la question du genre dans le médico-social, qui n'hésite pas à mettre le doigt là où ça fait mal.
L'auteure raconte qu'à ses débuts professionnels, elle trouvait tout à fait naturel que les femmes, professionnelles ou aidantes, s'occupent des vieux, et surtout des vieilles largement majoritaires, au nom de l'équation « féminité = douceur = empathie = Care ».
Et puis, à force de rencontres et de lectures, elle a compris que l'énorme surreprésentation des femmes dans le secteur est le fruit de « l'éducation genrée, la domination masculine et un rapport de force en faveur des hommes ». Alors sur plus de 150 pages, elle va s'atteler à déconstruire cette réalité en s'appuyant sur des études, des témoignages et sa propre expérience, notamment en Ehpad.
Florence Fortin-Braud s'attaque notamment à la présentation du métier d'aide-soignante faite par France travail sur son site : « Plus qu'un métier, c'est une vocation au service des autres ». Elle rappelle que la vocation a une dimension religieuse, l'appel de Dieu, et qu’« on ne devient pas aide-soignante par vocation. »
Dans un secteur ultra-féminin, il s'avère cependant que les hommes trouvent leur place aux… postes de responsabilité. En Ehpad, les femmes sont 90 % chez les aides-soignantes mais simplement 81 % chez les cadres de santé et 74 % chez les directeurs de soins. D'où sa conclusion : « Les femmes subissent le fameux plafond de verre, les hommes, eux, bénéficient de l'escalator de verre. »
Vieillir, une affaire de femmes ?, de Florence Fortin-Braud, éd. Berger Levrault, 19 euros.
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Noël Bouttier