Pour sa première audition, la commission d’enquête sur la protection de l’enfance a reçu trois figures du "Comité de vigilance des enfants placés". Les récits de leurs blessures personnelles ont vite débouché sur des mises en cause et des propositions concrètes.
« Je le jure. » La prestation de serment est répétée, voix posée, main droite levée, par Lyes Louffok, Diodio Metro et Anne-Solène Taillardat. Et c’est « un moment de grande émotion », comme le salue aussitôt Isabelle Santiago (PS), rapporteure de la commission d‘enquête qui s’ouvre ce 14 mai, à l’Assemblée nationale, sur les « manquements des politiques de protection de l’enfance ».
Son enjeu est « immense », comme le souligne aussi sa présidente Laure Miller (Renaissance) dès la toute première minute de cette audition inaugurale. Pendant six mois, en effet, ses 30 députés vont devoir se « confronter à des récits et des éléments très personnels », pour pouvoir « changer et révolutionner nos politiques de protection de l’enfance ».
Du « je » au « nous »
Or ce passage du « je » au « nous » est accompli d’emblée, par ces trois anciens de l’aide sociale à l’enfance (ASE), tous déjà engagés dans des associations Repairs, et militants au nouveau Comité de vigilance des enfants placés – mais aussi titulaires d’un diplôme d’État d’éducateur spécialisé.
Ainsi Lyes Louffok évoque-t-il d’abord les « dix-huit années » de « carences, de ruptures, de violences et d’injustices » qu’il a vécues à travers la protection de l’enfance, comme « tant d’autres enfants qui ont traversé les mêmes épreuves ». Mais il exprime aussitôt « de la tristesse et de la colère pour ceux que nous avons perdus en cours de route, victimes de ce système défaillant ».