Une "aide à mourir". Telle est la réponse au nœud gordien de la fin de vie proposée par le chef de l'État, qui a écarté les termes "suicide assisté" et "euthanasie" de sa présentation. En attendant de découvrir en détail le contenu du projet de loi promis pour avril, le Dr Vianney Mourman, chef de l’équipe de soins palliatifs de l’hôpital parisien Lariboisière, réagit à ces annonces.
Qu’est-ce qu’impliquerait cette future « aide à mourir » par rapport au dispositif en place depuis la loi Claeys-Leonetti de 2016 ?
Vianney MourmanAujourd’hui, en France, si la souffrance du patient n’est pas soulagée, il peut faire une demande de sédation profonde et continue, maintenue jusqu’au décès, sous réserve de certains critères. Elle consiste à rendre inconscient le patient et à arrêter la nutrition (artificielle), l’hydratation et tous les traitements de maintien en vie.
Cette solution ne s’applique qu’en cas de pronostic vital engagé à court terme, de maladie grave et incurable, et en présence d’une « souffrance réfractaire » (réfractaire s’entend par le fait qu’on ne peut pas la faire disparaître alors même que tous les traitements à disposition ont été mis en place).
L’autre indication possible est celle dans laquelle le patient demande à arrêter un dispositif de maintien en vie lorsqu’il en dépend (un respirateur artificiel par exemple) et que cela est susceptible de provoquer une souffrance (asphyxie).
Ce dispositif de sédation n’existe qu’en France. S’il permet d’apporter une réponse à la souffrance de certains patients, sa réalisation est mal aisée et ne répond pas à l’éventuelle demande de mort formulée par un malade. Il me semble pensé pour « ménager la chèvre et le chou » : le professionnel de santé ne provoque pas directement la mort (il sédate) et le patient ne souffre plus et meurt (naturellement ?).
La solution esquissée par Emmanuel Macron consisterait à ouvrir la possibilité au médecin de prescrire un produit létal à ces mêmes personnes présentant ces conditions strictes, notamment des souffrances insurmontables, et disposant de leur discernement. Elles pourraient se l’administrer elles-mêmes, solliciter l’aide d’un tiers ou d’un soignant.
Introduire dans l’arsenal des soins l’aide médicale à mourir serait une avancée de votre point de vue ?