La Fondation Abbé Pierre n'a pas seulement un rôle d'étude et d'interpellation. Sur le terrain, ses agences régionales développent les solidarités, financent des projets innovants. Pour démarrer cette présentation de trois initiatives, un petit tour en Centre Bretagne [vidéo].
Tout part d'une situation totalement paradoxale. Dans le centre Bretagne, région vieillissante et pauvre, le bâti est marqué par le poids des ans. Les personnes souvent propriétaires ne font absolument pas appel aux aides diverses et variées qui existent. A la campagne, on ne tend pas la main ; on a sa fierté. Résultat : les maisons se dégradent inexorablement ; l'habitat indigne menace...
Travailler sur les médiations
Depuis des années, l'agence Bretagne de la Fondation Abbé Pierre se préoccupe de cette situation. « Le véritable problème que nous rencontrons, explique Stéphane Martin, son directeur, c'est celui du non-recours » (vidéo ci-dessous). Rapidement, l'idée se dessine de travailler sur les médiations pour permettre aux propriétaires nécessiteux d'accéder à des aides pour qu'ils puissent rénover leur demeure.
Exemple dans le Maine-et-Loire
Il se trouve que dans le Maine-et-Loire existe depuis 2015 une association « Locaux-moteurs ». Comme l'explique cette structure, « le non-recours correspond aux ménages qui n'accèdent pas aux droits, aux dispositifs et services auxquels ils pourraient prétendre. Souvent, ces ménages se situent juste au-dessus des minima sociaux avec des revenus modestes. » L'association emploie des pair-aidants qui vont au domicile des personnes pour leur expliquer les aides auxquelles elles ont droit et les accompagne dans les démarches. L'association qui intervient sur la communauté de communes « Entente Vallée », emploie en 2019 cinq locaux-moteurs sur des temps très réduits (14 heures par mois).
Paysans en difficulté
En Bretagne, l'agence s'est rapprochée de l'association Solidarités paysans qui fait tout un travail de prévention et d'accompagnement des agriculteurs en difficulté économique. Ses militants ont l'habitude de rentrer dans l'intimité des familles et de briser le poids du silence.
Des élus à convaincre
Dans le centre Bretagne, la communauté de communes de Poher communauté est partante pour l'aventure. La Fondation amène 32 000 € pour le lancement du projet (Solinergy 10 000 € et AG2R instruit une demande à hauteur de 10 000 €). Dans un premier temps, l'association compte embaucher trois « Locaux-Moteurs » (qui toucheront entre 100 et 150 € par mois). La cible, ce sont ces gens isolés, souvent sans famille, qui se font tout petit et que personne ne voit. « L'enjeu principal, explique Stéphane Martin, c'est de faire changer les élus de regard afin qu'ils sortent d'un discours sur la normalité. »