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Foyers confinés : un retour à l'essentiel

Longs FormatsElsa GAMBIN22 juin 2020
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À l’annonce du confinement, les professionnels de la protection de l’enfance se sont montrés, à juste titre, inquiets du risque d’explosion au sein des foyers. Le recul permet aujourd’hui de constater que la période fut plutôt sereine, avec l’éclosion d’un autre lien enfants-éducateurs.

Il est le sparadrap du capitaine Haddock pour les enfants placés en maison d’enfants à caractère social (Mecs). Le conflit de loyauté, ce que l’on s’efforce de taire à ses parents, l’idée fugace, teintée de culpabilité, d’être soulagé de ne plus être dans sa famille, d’être « ailleurs », et, parfois, de s’y plaire.

L’injonction du confinement est venue lisser le sparadrap pour un temps. Certains enfants ont été confinés avec leur famille, d’autres ont été en gîte d’enfants ou bien sont restés avec leur assistant familial.

Une partie enfin est restée « au foyer ». Tous au même endroit pendant 2 mois, avec impossibilité de poursuivre les visites à la famille (les DVH - droits de visite et d’hébergement - ayant été suspendus), les rendez-vous médicaux ou scolaires, les nombreux déplacements dont on sait la vie des enfants placés (trop) remplie.

Des parents soucieux

« On s’est dit que les parents qui vivaient mal le placement allaient monter en pression, se souvient Sylvie Babin, directrice de pôle qui gère deux Mecs pour les 4-13 ans de l’association Linkiaa, en Loire-Atlantique. Or nous avons d’abord vu des parents soucieux que leur enfant soit à l’abri ».

Baptiste Cohen, coordinateur protection de l’enfance aux Apprentis d'Auteuil. DR

Même son de cloche aux Apprentis d’Auteuil. « Nous avons eu des réactions de crainte à cette annonce, tant au siège de l’association que dans les établissements, affirme Baptiste Cohen, coordinateur protection de l’enfance aux Apprentis d'Auteuil. Avec l’angoisse de voir augmenter les violences ».

Mais la catastrophe n’a pas eu lieu. À présent déconfinés, les professionnels perçoivent tous de nouvelles complications dans le retour à la normale et souhaitent analyser les raisons d’un confinement au final plutôt calme. Afin d’éviter un simple retour au fonctionnement d’avant.

Comment repenser les pratiques à l’aune d’un vécu commun ? Pourquoi ce temps suspendu a-t-il bousculé les postures éducatives ?

Des plannings chamboulés