Le troisième gouvernement d'Élisabeth Borne voit l'arrivée de nouveaux ministres. Aux Solidarités et Familles, la très politique Aurore Bergé remplace Jean-Christophe Combe. Elle sera épaulée par Fadila Khattabi sur le champ des Personnes handicapées. Et la Santé est confiée à l'expérimenté Aurélien Rousseau.
Le remaniement ministériel a été annoncé depuis l'Élysée, le 20 juillet, peu avant 20 heures. De grands changements sont opérés sur les portefeuilles sociaux.
Aurore Bergé (36 ans) succède à Jean-Christophe Combe (41 ans) au poste de ministre des Solidarités et des Familles. Pas grand-chose ne rapproche les deux personnalités. Autant le premier était identifié par ses responsabilités de direction à la Croix-Rouge (même s'il avait fréquenté auparavant le sérail politique), autant la seconde n'existe que par la politique.
Tombée dans la politique
Fille d'artistes, Aurore Bergé semble être tombée très jeune dans le chaudron politique. Après Sciences Po Paris et un master en affaires publiques, elle fait un stage auprès de parlementaires européens, puis est embauchée par une agence de communication qui organise les grands meetings de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 (elle n'a que 21 ans).
Pendant quelques années, elle milite à l'UMP (ancêtre des Républicains), où elle soutient successivement Nicolas Sarkozy, François Fillon et Alain Juppé.
Lors de la campagne d'Emmanuel Macron en 2017, elle le rejoint et devient députée des Yvelines sous l'étiquette La République en Marche (LREM). Elle échoue à devenir présidente du groupe macroniste à l'Assemblée nationale, ce qu'elle réussira en 2022 après sa réélection à l'Assemblée.
Des positions libérales
Son activité de parlementaire depuis six ans montre une forte appétence pour les questions de l'audiovisuel et plus généralement de la culture. Elle défend le plus souvent des positions libérales aussi bien sur le plan économique que sociétal. Elle n'a pas, semble-t-il, eu l'occasion de travailler sur les politiques sociales et médico-sociales.
En tant que présidente du groupe Renaissance, Aurore Bergé s'était engagée, en avril 2023, à conclure l'examen de la proposition de loi « Bien vieillir » avant la fin de la session d'été. Cette promesse n'a pas été tenue au grand dam des professionnels. La nouvelle ministre des Solidarités et des Familles aura-t-elle à cœur de reprendre ce chantier laissé inachevé par Jean-Christophe Combe ?
Parmi les ministres qui restent en poste : Olivier Dussopt, ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion ; Stanislas Guérini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques ; Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé ; Charlotte Caubel, secrétaire d'État chargée de l’Enfance.
Directeur d'ARS pendant le Covid
Aurélien Rousseau arrive au ministère de la Santé et de la Prévention, en remplacement de François Braun. Le personnage est un vieux routier des politiques sanitaires, et de la politique tout court.
À 47 ans, l'enfant d'Alès (Gard), issu d'une famille communiste, a, en effet, été un directeur remarqué de l'agence régionale de santé (ARS) d'Île-de-France, entre 2018 et 2021.
Il a promu une politique active de santé publique en luttant contre les inégalités de santé et en organisant des campagnes de dépistage. En articulation avec Martin Hirsch, alors patron de l'AP-HP, Aurélien Rousseau a été en première ligne en 2020 face à l'épidémie de Covid-19.
Il a raconté en 2022 cette expérience dans l'ouvrage La Blessure et le rebond : dans la boîte noire de l'État face à la crise (édition Odile Jacob).
Delanoë, Valls et Borne
Mais le nouveau ministre de la Santé a un « avant » et un « après » ARS. Avant, Aurélien Rousseau a été enseignant en Seine-Saint-Denis avant de rejoindre la mairie de Paris où il a travaillé pour un adjoint communiste, puis pour le maire Bertrand Delanoë, dont il sera le directeur adjoint de cabinet.
Puis, il a intégré le Conseil d'État et rejoint à partir de 2015 le cabinet du Premier ministre, Manuel Valls, où il officie comme conseiller social.
Après l'ARS, ce sera le poste de directeur de cabinet de la Première ministre, Élisabeth Borne, pendant quinze mois. Depuis plusieurs semaines, la rumeur enflait sur son départ pour rejoindre la Caisse des dépôts. Ce sera finalement une autre promotion : le ministère de la Santé.
Une parlementaire de poids
La Landaise Geneviève Darrieussecq, très proche de François Bayrou, ne survit pas non plus à ce remaniement que d'aucuns avaient annoncé limité. Son poste de ministre déléguée aux Personnes handicapées sera désormais occupé par l'actuelle présidente de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, Fadila Khattabi.
Âgée de 61 ans, cette élue de la Côte d'Or, fille d'Algériens, a été enseignante d'anglais. Elle a été élue à deux reprises au conseil régional de la Bourgogne sous l'étiquette du parti socialiste.
En 2017, elle se range derrière Emmanuel Macron et se fait élire députée de la Côte d'Or. Après la nomination de Brigitte Bourguignon au gouvernement, en 2020, elle est élue présidente de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale.
Un poste qu'elle conservera après sa réélection comme députée en 2022. Pendant le débat sur la réforme des retraites, elle s'est engagée fortement pour que le projet contesté puisse être adopté.
Deux ministres pour le Logement et la Ville
L'ancien maire de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Olivier Klein, n'aura pas résisté au choc des émeutes urbaines que le pays a connu fin juin, et avec ce gouvernement Borne III, le ministère qui associait le logement et la politique de la ville est désormais découpé en deux.
Sur la question cruciale du Logement, Patrice Vergriete, 55 ans, maire de Dunkerque (Nord) depuis 2014, devient ministre délégué. Ce polytechnicien, issu du PS, avait affiché son soutien à Emmanuel Macron lors de sa campagne de réélection en 2022.
Et pour prendre en charge la politique de la Ville, le gouvernement intègre au poste de secrétaire d'État, la Marseillaise Sabrina Agresti-Roubache, 47 ans, qui est née dans une famille modeste de la cité phocéenne. Cette productrice audiovisuelle, réputée proche de Brigitte Macron, a été élue de justesse députée Renaissance en juin 2022. Juste avant, elle avait publié un livre Moi la France, je la kiffe (éd. Albin Michel).