L’approche du handicap par la charité a longtemps prédominé au Japon. Aujourd'hui, la logique du droit cohabite avec la "logique du cœur". Dans cet ouvrage passionnant, la chercheuse Anne-Lise Mithout offre une perspective très utile pour comprendre les dynamiques contemporaines à l'œuvre dans ce pays.
Le marketing « kawaï » (mignon en japonais) se niche partout au Japon, y compris dans la promotion des politiques publiques. C'est ainsi que l'univers du handicap y est peuplé de petits cœurs, à l'exemple du logo en forme de cœur de la loi sur l'accessibilité du bâtiment (comprendre « loi pour les bâtiments qui ont du cœur », voir image ci-dessous).
Si on retrouve fréquemment les variations du cœur dans les supports visuels, le champ lexical n'est pas non plus épargné : « L’amour » y est très présent, explique Anne-Lise Mithout, sociologue, maîtresse de conférences en études japonaises à l'Université Paris Cité, l'autrice d'un ouvrage intitulé « Le cœur et le droit. Le handicap dans la société japonaise ».
Dans ce livre fort bien documenté (« dix années de maturation », avec des enquêtes de terrain), la chercheuse décortique l'articulation de deux logiques, celle du cœur (associée à la charité) et celle du droit. Il est important selon elle de questionner un peu cette question de l’amour car « quand on fait la charité on installe la relation dans une situation d’inégalité entre les deux partenaires ».