Si le délai imparti à une maison départementale des personnes handicapées (MDPH) est de 4 mois pour rendre une décision, en réalité, comme en témoigne le dernier baromètre diffusé par la CNSA, les demandeurs peuvent subir des attentes bien plus longues. Une situation multifactorielle, que les MDPH assurent tenter d’améliorer.
Tous les trois mois, le baromètre des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) fait parler les chiffres. Parmi les questions utiles analysées par l'outil : certaines MDPH sont-elles parvenues à raccourcir leur délai de traitement des demandes ? Et, partant, l’accès aux droits pour les personnes en situation de handicap, objectif régulièrement affiché par l’État et les départements, s’est-il amélioré ?
Des disparités marquées
La diffusion, vendredi 12 janvier 2024, du baromètre du troisième trimestre 2023 (13e édition), coordonné par la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA), révèle des disparités marquées et une moyenne nationale qui s’allonge d’un trimestre à l’autre. Elle passe ainsi de 4,4 mois (toutes aides confondues) au deuxième trimestre 2023 à 4,77 mois trois mois plus tard alors qu’elle était de 4,7 mois un an plus tôt. Des chiffres qui semblent signifier que quand un progrès intervient, il n’est pas stabilisé dans le temps.
Le ressenti - négatif - des personnes concernées, qui s’exprime par la voix des associations et aussi sur les réseaux sociaux, s’appuie donc bien sur une réalité. Plus dans le détail, l’écart va de 2,1 dans la Meuse à 8,6 mois en Ille-et-Vilaine, sachant que des départements à forte pression démographique peuvent afficher, par exemple comme les Bouches-du-Rhône, des résultats largement dans la moyenne - 3,5 mois en l'occurrence.
Un dialogue difficile
Maman d’une petite Louise, porteuse d’un handicap, Caroline Boudet relate très régulièrement sur ses réseaux sociaux les retards et difficultés rencontrés pour parvenir à ce que son enfant soit scolarisée en milieu ordinaire et avec tous les moyens adaptés à sa situation. Au-delà des délais « anxiogènes » qu’elle a dû supporter, ce qu’elle fustige le plus, « c’est la qualité du dialogue » avec les différentes MDPH auxquelles elle s’est adressée.
« Les "ça va être compliqué" et les "ça, vous ne l’aurez jamais" qui plombent le moral et découragent », sans oublier les suggestions répétées, « vécues comme autant de pressions », pour garder son enfant plutôt que de l’envoyer à l’école, ou pour l’orienter vers un institut médico-éducatif (IME) alors que le souhait de ses parents est qu’elle ait le temps suffisant pour « essayer une scolarité classique » et s’y faire une place.