La formation, qui s'adresse aux professionnels et aux proches des personnes en situation de handicap, vise à faciliter le repérage et le signalement des violences sexuelles auxquelles elles sont particulièrement vulnérables.

L’association Mémoire Traumatique et Victimologie, l’association francophone de femmes autistes (AFFA) et SkillBar, un réseau de professionnels du digital learning, ont élaboré un outil d'auto-formation en ligne consacré aux violences sexuelles à l'encontre des personnes en situation de handicap. La formation, agréée par le secrétariat d'État chargé de l'Enfance et des Familles, est mise à ligne gratuitement à compter de ce 20 octobre. Elle est intégralement accessible aux personnes en situation de handicap.

Outiller les professionnels

Le module s'adresse en priorité à l'ensemble des professionnels qui interviennent auprès des personnes handicapées, ainsi qu'aux proches de ces dernières. « L'objectif est d'améliorer leur connaissance des situations à risques pour les personnes en situation de handicap face aux violences sexuelles », a expliqué, lors d'une conférence de presse, la psychiatre Muriel Salmona, qui préside l'association Mémoire Traumatique et Victimologie. La formation, d'une durée de 25 minutes, doit aussi permettre d'outiller les professionnels pour prévenir, dépister et signaler les violences sexuelles.

Une population plus vulnérable

Le besoin est manifeste et les chiffres en témoignent. Selon l'Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (document en anglais), 35 % des femmes en situation de handicap subissent des violences physiques ou sexuelles de la part de leur partenaire, contre 19 % des femmes ne présentant pas de handicap. Et selon une étude de l'AFFA, 88 % des femmes autistes signalent avoir été victimes de violences sexuelles, dont 47 % avant 14 ans. Les enfants en situation de handicap ont d'ailleurs trois fois plus de risques d'être victimes, et même 4,6 fois plus lorsque leur handicap est en lien avec une maladie mentale ou une déficience intellectuelle.

Cette problématique, récemment mise en lumière dans un rapport sénatorial, est pourtant encore peu abordée dans le cadre de la formation initiale des professionnels.

Dépistage systématique

Le module de formation s'attache donc à identifier les bonnes pratiques pour dépister les violences, l'objectif étant de rendre ce dépistage systématique en questionnant régulièrement les personnes en situation de handicap à ce sujet. L'identification des violences s'avère, en effet, plus difficile lorsqu'elles visent une personne en situation de handicap. Certaines victimes ne sont, par exemple, pas verbales ou subissent des soins qui modifient leur rapport au corps et les empêchent d'identifier une violence.

Des symptômes nombreux

« Souvent on met les troubles résultants des violences sur le compte du handicap de la personne », a expliqué le Dr Salmona, qui souligne également que les violences peuvent aggraver le handicap. C'est pourquoi le module détaille les nombreux symptômes qui peuvent témoigner de violences, qu'ils soient psychologiques, physiques, comportementaux ou psychotraumatiques.

L'accent est également mis sur le processus de signalement, une obligation légale dont la méconnaissance est sanctionnée, rappelle le module. Un document listant l'ensemble des interlocuteurs compétents est mis à la disposition des professionnels à cette fin.