Au lendemain des émeutes, Jean-Pierre Rosenczveig déplore que notre société laisse des enfants vivre sans père et sans services sociaux suffisants. L’ex-président du tribunal pour enfants de Bobigny, membre du CNPE, s'interroge aussi sur les capacités de la justice des mineurs à traiter les infractions commises.

Au terme des nuits d’émeutes qui ont suivi la mort du jeune Nahel, tué par un policier le 27 juin, le ministre Gérald Darmanin a recensé près de 3 200 interpellés, majoritairement inconnus de la police, et âgés en moyenne de 17 ans – parfois de 12 ou 13 ans. Faut-il s’attendre à un « crash-test » pour la justice pénale des mineurs, réformée en 2021 ?

Jean-Pierre Rosenczveig Je ne suis plus au tribunal pour enfants, mais j’ai compris que la situation y était déjà assez tendue, avec ce nouveau code qui fonctionne comme une machine à juger, saucissonnant les situations, entre l’audience sur la culpabilité puis celle sur la sanction.

Si la réforme permet de se prononcer plus rapidement sur la culpabilité, personne ne sait encore si elle donne plus de chances aux jeunes de se désinsérer de la délinquance ! Et avant même les émeutes, on pouvait déjà se demander si les tribunaux parviendraient à respecter le délai prévu pour l’audience de culpabilité, de 10 jours à 3 mois après la saisine.