Éviter les "sorties sèches" et offrir un accompagnement sur mesure pour les jeunes adultes sortis de l’aide sociale à l’enfance : l’équipe d’Étayage se dédie aux jeunes majeurs isolés pour tenter d’éviter la bascule vers la précarité.
Dans la salle commune, Théo, 21 ans, termine goulûment un bol de fraises au fromage blanc préparé par Laura, son éducatrice. Le jeune homme n’avait rien avalé depuis le matin. « Le matin et le midi, j’y arrive pas », dit-il sans autre forme d’explication. Au même moment, Émilie arrive pour la première fois dans ce service. Elle est venue directement après sa journée de travaux d’intérêts généraux (TIG), porte encore sa tenue de travail et, sur son visage, des traits épuisés.
La jeune femme de 25 ans était hébergée dans un centre d’hébergement d’urgence de la Fondation Abbé Pierre. L’accueil d’une semaine n’est renouvelable qu’une fois. Il se termine ce soir. « Tu as quoi comme solution pour ce soir ? », demande Laura. « Ma tente », sourit Émilie, amère.
Passés par l'ASE
Le service Étayage, porté par l'association Sprene, accompagne une quarantaine de jeunes majeurs comme Théo et Émilie. Toutes et tous ont un point commun : un suivi par la protection de l’enfance quand ils étaient mineurs. Pour beaucoup d’entre eux, le passage à la majorité a signé la bascule dans une très grande précarité. Comme le rappelle régulièrement la Fondation Abbé Pierre, un sans domicile sur quatre est issu de l’aide sociale à l’enfance. C’est pour tenter d’éviter ces drames qu’Étayage a été créé à Hazebrouck, ville de 20 000 habitants à une quarantaine de kilomètres de Lille.
« Nous avions des jeunes qui quittaient nos maisons d’enfants à caractère social (Mecs) en claquant la porte à 16,17 ou 18 ans, explique Raïssa Frémaux, directrice du dispositif. Et quelques mois après la majorité, on les voyait revenir vers nos services pour avoir un espace d’écoute. » Des jeunes en détresse qui ne savent pas vers qui se tourner et retournent alors vers les éducateurs et éducatrices qui les ont accompagnés lorsqu’ils étaient adolescents.
Un espace d'écoute
Certains dorment à la rue, d’autres sont victimes d’exploitation. Des situations dans lesquelles les équipes ne peuvent rester sans réagir, même si l’accompagnement est officiellement terminé.