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Jeunes mères à la rue, quelles réponses ?

Longs FormatsSophie LE GALL28 octobre 2021
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Des dispositifs expérimentaux ainsi que des projets d'ouverture de places tentent de répondre à la problématique, particulièrement aiguë en Ile-de-France, des femmes vivant leur grossesse à la rue, et sans solution d'hébergement après l'accouchement. Des réponses qui ne recueillent toutefois pas tous les suffrages.

Fin 2019, l'annonce de l'ouverture d'une soixantaine de places gérées par le Samu social au sein de l'hôpital Trousseau (AP-HP, Paris 12e) avait entraîné une cohue et l'éviction d'une dizaine de femmes SDF et de leurs enfants en surnombre.

Un triste incident qui avait mis en lumière le rôle joué par l'AP-HP dans l'hébergement d'urgence des mères sans abri, et par là même le manque de places pour ce public très spécifique et en constante augmentation.

Un phénomène plutôt parisien

La présence de femmes sans-abri a été identifiée comme une problématique plus marquée en Ile-de-France (2/3 des besoins) en raison du flux important de migrants dans la région, et en particulier dans la capitale.

Depuis que Paris réalise le recensement des personnes vivant à la rue, lors de la Nuit de la solidarité (sa première édition a eu lieu en 2018), cette proportion est estimée à 12 % alors que selon l'Insee, les femmes ne représentaient, en 2012, que 2 % des sans-abri de l'agglomération parisienne

Une progression fulgurante

À l'hiver 2019, le Centre d'action sociale protestant (CASP) avançait le nombre de 146 bébés nés à la rue à Paris courant 2019, contre 100 en 2018 et 49 en 2017.  Joel Saget/AFP

Des chiffres qui ne seraient pas le reflet de la réalité, ces femmes se rendant invisibles dans la rue, notamment de peur d'être agressées. La part d'entre elles étant enceintes demeure quant à elle une inconnue, en l'absence de suivi médical.

Cette absence de suivi n'est évidemment pas sans conséquences pour la mère et l'enfant, avec entre autres effets délétères au moins trois fois plus de naissances prématurées et deux fois plus de césariennes d'urgence.

À l'hiver 2019, le Centre d'action sociale protestant (CASP) avançait le nombre de 146 bébés nés à la rue à Paris courant 2019, contre 100 en 2018 et 49 en 2017, soit « une progression fulgurante ».

Réponses sociales et sanitaires

La prise en compte de cette augmentation a donné lieu ces dernières années à l'ouverture dans la capitale de plusieurs structures dédiées, centrées sur l'accompagnement social et sanitaire, comme le centre de protection maternelle Cité (CPM-Cité) de la Ville de Paris, situé au cœur de l’Hôtel-Dieu, qui assure des consultations gynécologiques et un suivi de grossesse.

Des réponses qui mènent rarement à un toit, en raison de la saturation du Samu social et plus généralement de l'embolisation de l'hébergement d'urgence. De plus, le statut administratif des femmes concernées ne leur permet pas toujours d'être éligibles aux dispositifs de droit commun.

Hôpitaux « hôteliers »

Les hôpitaux parisiens qui accueillent des femmes sur le point d'accoucher pallient ce manque de solutions en les gardant sur une période allant bien après la naissance, jusqu’à un mois.