La préparation opérationnelle à l'emploi individuelle (POEI), financée par France Travail, permet de former rapidement un demandeur d'emploi afin qu'il acquière les compétences nécessaires pour occuper un emploi identifié. Un outil mobilisable face à la pénurie de personnels.
Pour remédier à leurs difficultés de recrutement, les employeurs du secteur social et médico-social peuvent mobiliser un levier : la préparation opérationnelle à l’emploi individuelle (POEI).
Il s’agit d’une formation préalable au recrutement, qui permet d’adapter le profil d’un candidat identifié aux compétences requises par une offre d’emploi précise et répondant à certains critères (CDI, CDD d’au moins six mois…). Cette formation est financée par France Travail et, éventuellement, l’opérateur de compétences (Opco) dont relève l’employeur.
Ces formations individuelles à l’embauche « répondent efficacement aux tensions de recrutement » et « constituent un accélérateur marqué du retour à l'emploi », selon le gouvernement. En effet, le taux de retour à l'emploi des bénéficiaires est de plus de 83 %, indique France Travail.
Ce dispositif est d'ailleurs plébiscité par les employeurs y ayant eu recours, à l’instar de la Fondation des Apprentis d’Auteuil d'Île-de-France et de l’entreprise solidaire d'utilité sociale d’aide à domicile LogiVitae.
Afin d’assurer le déploiement des POEI, dispositif consacré par une loi du 24 novembre 2009 sur la formation professionnelle, la loi « pour le plein emploi » du 18 décembre 2023 en aménage les conditions d’accès et son exécution. Elle étend notamment le dispositif aux travailleurs handicapés des entreprises adaptées.
Ces dispositions sont complétées par un décret du 18 juin 2024 et détaillées par une délibération du 17 juillet 2024 et une instruction du 22 juillet 2024 émanant de France Travail.
Ce dossier juridique fait le point sur la POEI.
1. Employeurs et publics éligibles à la POEI
Dispositif de formation préalable à l’embauche, la préparation opérationnelle à l’emploi individuelle (POEI) permet à un candidat identifié, répondant à certaines caractéristiques (demandeur d’emploi, salarié en contrat d’insertion…), d’acquérir les compétences nécessaires pour occuper un emploi pour lequel un employeur a déposé une offre auprès de France Travail.
Pour pouvoir mobiliser la POEI, l’employeur doit réunir plusieurs critères et proposer, à l’issue de la formation, un contrat remplissant certaines conditions (CDI, CDD d’au moins six mois…).
Quand mobiliser une POEI ?
La POEI est conseillée « dès lors qu’un écart de compétences entre le profil d’un candidat et un poste à pourvoir peut compromettre la réalisation de l’embauche », explique France Travail.
C’est ainsi un outil mobilisable pour l’employeur qui rencontre des difficultés de recrutement en raison de l’absence des compétences nécessaires au poste sur le marché du travail.
Côté candidat, la POEI est pertinente si une formation courte – jusqu'à 450 heures maximum (voir ci-dessous le paragraphe « Durée de la formation ») – suffit pour améliorer l’adéquation entre son profil et le poste identifié.
Autres dispositifs pour faciliter le recrutement
Signalons que d’autres dispositifs sont mobilisables pour former des personnes aux métiers du secteur social et médico-social et favoriser leur recrutement.
- Les employeurs peuvent avoir recours aux contrats d’apprentissage et de professionnalisation et embaucher les salariés ainsi formés en CDI à l’issue de leurs contrats. À cet égard, la Fondation des amis de l’atelier a ouvert un centre de formation des apprentis « hors les murs », pour trouver de nouvelles recrues. L’idée : proposer à des jeunes des formations dans des centres partenaires de la Fondation en alternance avec des stages dans ses établissements. En 2025, cinq formations seront proposées : aide-soignant, accompagnant éducatif et social (deux formations en place en 2024), moniteur éducateur, éducateur spécialisé et infirmier.
- Notons que jusqu’en avril 2024, l’action de formation préalable au recrutement (AFPR) pouvait être mobilisée pour permettre à un demandeur d’emploi d’acquérir des compétences nécessaires pour occuper un emploi identifié. L’employeur devait s’engager à recruter le demandeur d’emploi, à l’issue de la formation de 400 heures maximum, en contrat de 6 à 12 mois. Ce dispositif a été supprimé, suite aux évolutions de la POEI.
- Par ailleurs, le dispositif « Transitions collectives », notamment mis en place par le groupe Korian (devenu Clariane), permet à des salariés dont l'emploi est menacé de se reconvertir vers d'autres métiers qui recrutent (aides-soignants par exemple), dans le même bassin d'emploi.
- Signalons également le dispositif « Préfo », une préformation aux écoles de travail social mise en place par Apprentis d’Auteuil, qui permet aux étudiants d’affiner leur projet d’orientation. La formation se déroule sur une année scolaire et s’articule autour de cours théoriques et de 600 heures de stage.
Employeurs éligibles
Les employeurs du secteur privé comme du secteur public (pour le recrutement d'agents contractuels), y compris les collectivités territoriales, peuvent bénéficier d’une POEI.
Employeurs spécifiques
Les employeurs listés ci-dessous peuvent également mobiliser une POEI, dans des conditions précisées par France Travail :
- groupements d'employeurs et groupements d'employeurs pour l'insertion et la qualification (Geiq) ;
- entreprises de travail temporaire, dont les entreprises de travail temporaire d'insertion (ETTI) et les entreprises adaptées de travail temporaire (EATT) ;
- entreprises adaptées (EA) ;
- structures de l'insertion par l'activité économique (IAE).
Conditions d’éligibilité
L’employeur doit respecter des conditions cumulatives :
- être à jour de ses cotisations de sécurité sociale et contributions d’assurance chômage ;
- ne pas avoir licencié pour motif économique dans les 12 derniers mois précédant la date de la demande de POEI (sauf dérogation).
S’il apparaît que l’employeur a déjà bénéficié de la POEI sans avoir embauché le demandeur d’emploi à l’issue de sa formation et ce sans motif légitime, France Travail peut lui refuser une nouvelle POEI.