Le secrétariat d'État à la protection de l'enfance publie ses recommandations pour la reprise d'activité à partir du 11 mai. Les masques, pour les professionnels, ne sont recommandés que lorsque la distanciation physique est impossible.
Il était temps ! Pour aider les professionnels de la protection de l’enfance à préparer leur déconfinement, dès ce 11 mai, le ministère des Solidarités a publié un guide... le 11 mai. Il est vrai que l’ouverture des portes s’annonce complexe, dans les établissements comme pour les intervenants à domicile ou pour les accueillants familiaux. Et en définitive, pas moins de 51 pages ont été consacrés à cette série de conseils aux professionnels, visant à faire concilier la reprise des activités avec la prévention du Covid-19.
Un déconfinement progressif
Le déconfinement, à vrai dire, n’est pas censé être immédiat : « Le retour au fonctionnement habituel des missions de protection de l’enfance doit être progressif pendant la période de mai à juin 2020 et adapté aux caractéristiques sanitaires de chaque département », est-il d’emblée indiqué aux collectivités et aux associations.
Coordination demandée
Et en tout premier lieu, dans une première partie de « recommandations générales », il est demandé de poursuivre « une coopération globale et renforcée entre les présidents de conseils départementaux et les préfets », avec l’appui des services déconcentrés de l’État. En effet, « le déconfinement progressif suppose une bonne coordination » entre départements et justice, notamment, ce qui impose la « mise en place d’une instance locale quadripartite dans les territoires où celle-ci n’existerait pas ». Une articulation similaire est attendue entre les départements et l’Éducation nationale. Les associations de professionnels, telles que la Cnape ou le Gepso, devraient apprécier.
Consignes sanitaires
Mais les travailleurs sociaux liront avec sans doute plus d’intérêt les consignes sanitaires qui leur sont adressées. « Respecter la distance d’un mètre entre chaque personne », tousser dans son coude, ou se laver les mains « avant et après tout contact avec les parents » : toutes ces mesures « doivent être strictement appliquées après le 11 mai comme pendant la période de confinement ».
Des instructions très précises sont désormais consignées pour organiser les repas en collectif – si possible en « plusieurs services » -, pour nettoyer les locaux – en désinfectant les surfaces « à l’aide de lingettes ou bandeaux désinfectants » - ou encore pour mener une visite à domicile – en évitant de « toucher les surfaces dans les parties communes d’un immeuble », sans manquer de « prendre des nouvelles des personnes présentes au domicile » pour repérer d’éventuels symptômes…
Priorité à la distanciation
Mais avec ou sans masque ? Le secrétariat d’État à la protection de l’enfance délivre ici sa doctrine : « Les professionnels doivent prioritairement respecter les gestes barrières, les gestes d’hygiène et de distanciation physique. » Toutefois le port d’un masque chirurgical ou grand public est « recommandé lorsque les activités ne permettent pas de respecter les règles de distanciation physique ». Et le département est désigné comme responsable « de l’approvisionnement et de la distribution » de ces masques en « quantités adaptées ». En revanche, pour les jeunes accueillis, la règle générale est que « le port du masque n’est pas recommandé ».
En cas de Covid
Il n’en va certes pas de même en cas de Covid-19. Si un jeune présente des symptômes, en établissement comme en lieu de vie, il doit être invité à porter le masque « sous réserve que son âge, sa morphologie faciale et son état de santé antérieur le permettent »… Bien d’autres recommandations sont ici rassemblées en cas de signes évocateurs, ou de cas confirmé, chez les enfants ou les professionnels. Par exemple si « l’isolement complet n’est pas envisageable » pour les plus jeunes, il est recommandé, quel que soit l’âge, qu'ils prennent leur « repas à part ». Quant au linge, s’il doit être lavé à un autre étage ou au-delà de plusieurs portes, il devra être déplacé, autant que possible, « dans un sac hydrosoluble (de préférence un sac hydrosoluble à faible température) ou un sac en tissu » fermé, à jeter directement dans la machine !
Pour la scolarité
Par ailleurs le ministère consigne dans son guide plusieurs « recommandations spécifiques », à commencer par ses instructions pour la scolarité des enfants protégés. Pour ces jeunes qui redoublent et décrochent plus souvent, le retour à l’école est décrit comme « une priorité ». Certes, avec des enfants placés, l’accord des parents doit d’abord être demandé ; mais le refus éventuel de ces derniers devra être « exprimé par écrit dans un délai imparti », et s’il semble « contraire à l’intérêt et aux besoins de l’enfant » il conviendra, dès lors, « de saisir le juge des enfants ». Le guide renvoie par ailleurs au plan de réouverture des établissements médico-sociaux, pour les enfants handicapés.
Santé mentale
En outre, après ces deux longs mois d’enfermement, le guide incite à sonder la santé mentale de chaque jeune, dans le cadre de l'aide sociale à l'enfance, en le faisant parler « sur son vécu du confinement et ses craintes éventuelles dans le cadre du déconfinement ». Une grille d’appui, en annexe du guide, doit permettre de repérer d'éventuels signes de mal-être.
Reprise pour les MNA
Enfin le ministère indique une « reprise des évaluations » pour les jeunes se présentant comme mineurs non accompagnés, leurs statuts devant donc être de nouveau décidés « dans les meilleurs délais ». En revanche, « les transferts d’un département à un autre » au titre de leur répartition demeurent suspendus.
Le guide s’achève sur une série de recommandations spécifiques aux professionnels des établissements, aux accueillants familiaux, aux permanents des lieux de vie, aux intervenants à domicile et aux acteurs de la prévention spécialisée. Le déconfinement, enfin, peut être engagé.