La personnalisation des réponses dans le champ social et médico-social va de pair avec une nouvelle façon de travailler qui estompe l'unité de lieu, de temps et d'action des professionnels, selon David Causse, directeur d'hôpital, qui après avoir occupé différents postes à responsabilité, œuvre désormais à la Cour des comptes. Entretien.

David Causse a travaillé à la direction de structures sanitaires, sociales et médico-sociales publiques et privées, et a occupé des postes stratégiques dans deux grandes fédérations (FHF, Fehap). Après quelques mois à la cellule de crise Covid de la DGCS, il est désormais rapporteur extérieur à la Cour des comptes. Figure du champ sanitaire et social, il présente sa vision de l’évolution du secteur et ses perspectives d’avenir.

La loi du 2 janvier 2002, qui a profondément rénové le secteur social et médico-social, fête bientôt ses 20 ans. A-t-elle réellement permis des avancées ?

David CausseLa loi a porté de nombreux fruits sur les droits des personnes accompagnées, la diversification de l’accompagnement, la coordination des acteurs ou la dynamique d’évaluation de la qualité. Sur tous ces sujets, l’appropriation des principes et pratiques s’est faite de manière progressive par les professionnels. Néanmoins, la mise en perspective du parcours des personnes vulnérables de manière globale, c’est-à-dire, en tenant compte de l’ensemble de leur écosystème (santé, situation économique, logement, proches…), n’est toujours pas pleinement assumée alors qu’elle est de plus en plus nécessaire. Cela tient au cloisonnement entre le sanitaire et le social qui reste d’actualité.

Pourquoi ?

D.C.Ce cloisonnement est originel et remonte aux deux lois de 1970 [portant réforme hospitalière] et de 1975 [relatives aux institutions sociales] par lesquelles le secteur social et médico-social s’est construit dans une émancipation du champ sanitaire. Il s’est ainsi constitué comme un monde à part, avec sa batterie de sigles et ses dispositifs propres. On y avait son drapeau – le projet de vie – à distancier soigneusement du projet de soins.

On n’en est plus là…